Un nouveau Quantième Perpetuel chez Patek Philippe est toujours un événement s'agissant d'une des complications majeures de la Manufacture. Tous les ingrédients qui composent cette 5940J sont connus mais encore une fois, la magie Patek Philippe opère grâce à de subtils petits détails qui font mouche.
Deux éléments d'importance contribuent à la réussite de cette montre: son boîtier de forme tonneau et la police de caractère des sous-cadrans.
L'utilisation d'un boîtier tonneau dans le contexte d'un QP n'est pas à proprement parler une grande nouveauté puisque les références 5040 et 5041 étaient encore récemment présentes dans le catalogue. Elles utilisaient cependant des boîtiers tonneau au profil semblable de celui du boîtier Tortue de Cartier alors que celui de la 5940J tend dans ses proportions vers le boîtier "écran TV" de la fameuse 5020. Cela transforme totalement son apparence.
Ce boîtier tonneau en or jaune demeure original et son équilibre permet un agrandissement du diamètre de la montre par rapport aux 5040 et 5041 sans visuellement trop la marquer. Sa taille de 37x44,6mm est semblable à celle du boîtier acier du chronographe monopoussoir à rattrapante, la référence 5950A et je le trouve plus adapté au contexte d'un cadran de QP que de celui d'un chronographe.
Grâce à cette forme particulière, la 5940J possède un cadran d'un rare équilibre. Toutes les informations sont idéalement réparties selon la présentation traditionnelle liée à l'utilisation du mouvement 240Q. Si la 5140 qui propose la même complication dans le contexte d'un boîtier rond utilise des index "bâton pointu", la 5940J les remplace avantageusement par des chiffres appliqués que la forme du cadran autorise. Ces chiffres, combinés avec les aiguilles feuille, la texture ivoire et légèrement grainée du cadran et le chemin de fer qui suit le contour du boîtier définissent une atmosphère certes surannée mais avant tout charmante et élégante. Le risque de basculer dans le vieillot était réel mais Patek a su trouver le bon dosage pour éviter le piège.
L'autre clé de la réussite est la police de caractère qui est utilisée pour les graduations et les quantièmes. Sur la 5140, vous remarquerez que la taille de la graduation des quantièmes n'est pas constante, les chiffres proches du sous-compteur des mois et des années et du sous-compteur des jours et de l'affichage 24 heures étant réduits pour leur laisser la place suffisante. Cet artifice n'est pas nécessaire sur le cadran de la 5940J grâce à une police Sérif utilisée pour les chiffres et les lettres. La taille de la police est légèrement réduite par rapport à la 5140 et comme par miracle, toutes les informations de même nature demeurent constantes. Autre petit détail qui est plus important qu'il n'y paraît: le "23" du quantième change d'orientation et prend le même sens (vers l'intérieur du sous-cadran) que les 25,27,29 et 31. Je trouve que le résultat est plus agréable à l'oeil.
Côté mouvement, nous retrouvons le célébrissime 240Q, une des références des mouvements QP automatiques. Sa finesse (3,88mm) permet l'utilisation de boîtiers élancés bien dans la tradition de Patek Philippe. J'ai toujours eu un grand faible pour ce 240 et ses différentes déclinaisons. Son efficacité au remontage est excellente pour un mouvement à micro-rotor et son architecture le rend très agréable à regarder. Sa fréquence est de 3hz et sa réserve de marche est de 2 jours ce qui oblige à mettre la montre dans un winder si on veut éviter de régler de nouveau les paramètres en cas d'absence prolongée.
Cette 5940J est peut-être le QP "simple" de Patek Philippe qui m'a le plus séduit ces dernières années. Tout d'abord je préfère nettement l'utilisation du mouvement 240Q par rapport aux 315/324 S QR. C'est un choix personnel mais je me sens plus en confiance avec le 240 qu'avec les mouvements à rotor central. L'inconvénient du 240Q est qu'il ne possède pas de trotteuse dans sa configuration QP si bien que le cadran est immanquablement inerte. Mais est-ce si grave dans ce contexte? L'équilibre du cadran est le plus important.
La 5940J a un fort pouvoir de séduction. Sa taille est idéale et son boîtier en or jaune lui donne une belle présence sans tomber dans des dimensions XL qui auraient été malvenues. Le confort, l'harmonie de sa présentation, les détails raffinés achèvent de me convaincre: cette 5940J est sûrement ma nouveauté préférée chez Patek Philippe en 2012.
Merci à l'équipe Patek Philippe France.