Lorsque Kari Voutilainen présenta la Vingt-8 au tout début de l'année 2011, elle fut immédiatement saluée par l'ensemble de la communauté horlogère car marquant une étape importante dans la trajectoire de l'horloger finlandais. En effet, la Vingt-8 permit de découvrir le calibre 28. Il s'agit d'un mouvement entièrement maison (contrairement à celui de l'Observatoire qui était basé sur le Peseux 260) se caractérisant par l'utilisation de deux roues d'échappement à impulsion directe sur le balancier, par un spiral à courbes Breguet et Grossmann, une basse fréquence (2,5hz) et un balancier au diamètre imposant (près de 14mm) à 4 masselottes. Sa réserve de marche est d'une cinquantaine d'heures.
Le calibre 28 fait partie de ses mouvements dont la beauté provient avant tout de son architecture, les finitions, exceptionnelles, mettant en valeur les caractéristiques techniques. Ainsi, l'organe régulant est complètement dégagé afin d'obtenir une vue spectaculaire sur le balancier, le spiral et les deux roues d'échappement qui se distinguent sans problème grâce à leur couleur.
Le pont du balancier à la fois long et fin est l'élément qui se remarque en premier. Il magnifie le balancier dont la taille lui permet d'occuper une place importante sur la superficie du mouvement. Il s'agit d'une véritable construction tri-dimensionnelle puisque plusieurs niveaux s'offrent à notre regard. D'abord le pont du balancier, puis la platine avec le rochet et la roue de couronne puis la roue de centre puis le balancier etc... jusqu'à arriver au clou du spectacle: le comportement des deux roues d'échappement. Cette plongée dans le mouvement nous permet également d'apprécier le contraste entre les pièces en acier (comme les vis), en or rose (comme les roues) et la platine en maillechort.
Ce sont bien les principales idées qui guident Kari Voutilainen qui se retrouvent rassemblées dans le calibre 28: la basse fréquence, le balancier sur-dimensionné, le spiral à courbes Breguet et Grossmann pour la régularité de marche, l'efficacité de l'organe régulant et une consommation d'énergie maîtrisée grâce aux deux roues d'échappement.
La Vingt-8 dont le design reprend les codes du Chronomètre "Observatoire" (aiguilles de type Breguet, cornes caractéristiques, alternance de guillochages sur le cadran, chiffres appliqués etc...) a un boîtier de 39mm, un mm de plus que l'Observatoire.
Mais Kari Voutilainen sait parfaitement que pour de nombreux collectionneurs, 39mm constituent un diamètre trop important pour une montre élégante et habillée. C'est cette volonté de proposer un modèle à taille plus réduite combinée à une approche esthétique plus délicate (pour ne pas dire féminine) qui l'ont conduit à dévoiler la 2-Eight.
La 2-Eight utilise un boîtier de 37mm et se distingue de la Vingt-8 par l'absence de trotteuse et par une présentation de cadran différente avec un guillochage en rayons de soleil sur un anneau entourant un centre en nacre. Les chiffres arabes (de nouveau 12 - 3 -9) se font plus discrets. Je dois avouer que j'aime beaucoup ce cadran. Il possède un côté très précieux et la nacre se marie idéalement avec les finitions périphériques. Selon la lumière, il crée de très beaux reflets qui le rendent lumineux. Les aiguilles sont plus belles que jamais.
Le calibre 28 est de nouveau utilisé et se retrouve dans un boîtier parfait pour son diamètre. Il y a une sorte d'opposition entre l'aspect du cadran, tout en subtilité, et l'imposant couple pont/balancier. Cette disparité donne beaucoup de caractère à la 2-Eight, un peu comme si derrière une carrosserie fragile se cachait un moteur d'une grande puissance.
La couleur du bracelet de la montre prise en photos renforce le côté féminin de la 2-Eight. Cependant, je la considère comme parfaitement mixte: après avoir posé un bracelet plus neutre, les traits du design habituels de Kari Voutilainen ressortent comme les cornes et la couronne qui pour cette dernière est plus proéminente que sur la Vingt-8. Elle contribue fortement au plaisir que procure la 2-Eight car remonter le calibre 28 est une expérience inoubliable. C'est doux et ferme à la fois car la puissance du mouvement se sent.
Evidemment, la 2-Eight a une moindre présence au poignet que la Vingt-8. Mais très vite, ses détails pleins de charme comme la nacre du cadran et la beauté des aiguilles nous rappellent que pour une montre élégante, ce n'est pas la taille qui compte mais bien la qualité de l'exécution. Et rien que pour cela, nous pouvons remercier Kari Voutilainen pour ce rappel presque salutaire!
Un grand merci à Kari Voutilainen pour son accueil pendant la Foire de Bâle 2012.