La collection 2012 est chargée de symboles pour Girard-Perregaux: il s'agit en même temps de la première sous l'ère PPR et la dernière présentée au sein du SIHH, les marques de Sowind rejoignant Baselworld en 2013. Je pense sincèrement que ce changement apportera une dynamique positive à Girard-Perregaux en lui donnant une meilleure projection même si à titre personnel je regretterai de ne plus pouvoir rencontrer l'équipe de la marque dans le cadre feutré, organisé et accueillant du SIHH.
C'est malheureusement un constat inévitable, malgré la grande qualité des montres qu'elle produit, Girard-Perregaux n'est pas une marque reconnue comme peuvent l'être d'autres Manufactures suisses. Et pourtant, Girard-Perregaux présente un catalogue de complications que seule peut-être une marque comme Jaeger-Lecoultre est capable de surpasser. Parmi ses complications, se trouvent les Tourbillons sur 3 ponts d'or, les Répétitions Minutes (Opera 1 et 2) sans oublier les sonneries au passage (Opera 3), les chronographes Heures Universelles, la délirante Jackpot etc...

De prime abord, la 1966 Répétition Minutes semble être une montre trois aiguilles très simple. Et puis rapidement, nous devinons grâce au verrou sur la carrure gauche qu'il s'agit d'une montre particulière.

J'ai évoqué la 1966 Petite Seconde: la 1966 Répétition Minutes partage avec elle une similitude esthétique même si la taille du boîtier de la montre sonore est supérieure (42mm vs 40). Le boîtier 1966 est d'une grande élégance grâce notamment à sa fluidité et à la forme des cornes courtes et incurvées qui épousent le poignet. La 1966 Répétition Minutes est cependant une montre plus épaisse que nous pourrions l'imaginer malgré la relative finesse du mouvement (5,36mm). En effet, un espace a été créé afin de permettre une meilleure circulation de l'air et améliorer la propagation du son.

Pour des raisons à la fois technique (l'amélioration de la pureté et de la puissance du son) et esthétique, le mouvement a été ajouré afin de bien séparer les fonctions essentielles qui se détachent au premier coup d'oeil. La première pièce que nous observons est le pont du balancier évidemment inspiré par les ponts d'or des Tourbillons. J'ai rarement vu un pont de balancier aussi beau, peut-être chez Voutilainen et chez Speake-Marin. La forme des autres ponts n'est pas en reste, toute en courbes, angles rentrants (admirez le pont du barillet) et formes inhabituelles. La finition est remarquable et pourtant sans tomber dans la démonstration. C'est peut-être là le plus impressionnant: Girard-Perregaux a souhaité démontrer les capacités de sa Manufacture sans tomber... dans le pur démonstratif. J'aime beaucoup la façon avec laquelle les chatons en or s'insèrent visuellement dans le mouvement et même l'incabloc ne semble pas hors sujet!

L'ouverture du mouvement met en valeur plusieurs éléments essentiels: l'échappement en silicium reconnaissable à sa couleur, le barillet de sonnerie, le volant inertiel et les contre-ressorts. Au-delà de sa beauté, le mouvement présente une organisation rationnelle qui permet un réglage facilité grâce à une meilleure accessibilité. A noter que le mouvement a une fréquence de 3 hz et une réserve de marche d'une centaine d'heures ce qui est une excellente performance.
Mais bien évidemment, tout ce descriptif serait bien inutile si la qualité du son n'était pas au rendez-vous. Compte tenu de l'ambiance animée de la pièce dans laquelle je fus reçu, nous avons placé la montre sur un amplificateur: il est donc difficile de juger ainsi la puissance du son même si, une fois en main, elle m'a semblé au rendez-vous. En revanche, j'ai pu apprécier la pureté du son: les notes sont émises clairement grâce au silence qui a été créé autour. Le volant se fait ainsi particulièrement discret. Incontestablement, c'est une belle réussite de la part de Girard-Perregaux et ce d'autant plus que la montre était un prototype. Il est important de préciser qu'il ne s'agit pas d'un carillon comme les Opera 1 et 2, la Répétition jouant sur deux notes. Le seul petit reproche que je pourrais émettre est la vitesse un poil trop rapide avec laquelle les notes sont jouées.
Le son côté cadran:
Et côté mouvement:
La 1966 Répétition Minutes se porte sans souci donnant l'impression d'être une 1966 Petite Seconde élargie. Comme précisé précédemment, malgré la taille du boîtier, les cornes permettent un bon positionnement sur le poignet. Ce sont les chiffres appliqués qui se remarquent le plus, leur relief prenant la lumière et se détachant du cadran selon l'inclinaison de la montre. La lisibilité est évidemment optimale du fait du contraste entre les aiguilles et le cadran et la simplicité de ce dernier.
