Schofield est une nouvelle marque basée dans le Sussex de l'Ouest. A sa tête se trouve Giles Ellis, un jeune designer qui souhaite contribuer à sa façon au renouveau de l'horlogerie anglaise. Certes, la démarche n'est pas similaire à celle de Roger Smith qui perpétue tout l'esprit, tous les critères d'excellence, tous les canons esthétiques de l'artisanat horloger anglais. L'équipe Schofield ne propose pas un contenu horloger du même acabit, fait appel à des sous-traitants continentaux mais a su définir une montre de caractère au style personnel affirmé.
Cette montre est la Signalman GMT PR qui existe en deux versions en série limitée, en acier, avec ou sans revêtement DLC noir (respectivement 100 ou 300 pièces).
La Signalman puise son inspiration dans les grands phares anglais du 18ième et du 19ième siècles. Tout le travail esthétique a consisté à insérer ces références sans perdre la cohérence de l'ensemble. Je dois avouer que je fus très séduit par le résultat, Ellis et son équipe ayant réussi à dessiner une montre avec une identité qui lui est propre ce qui n'est jamais simple dans un contexte de sur-offre horlogère. Compte tenu de cette inspiration, la Signalman est avant tout une montre instrument. Cela se retrouve dans la taille du boîtier, dans la couleur et l'organisation du cadran.

Puis nous commençons à observer de près les détails de la Signalman: le cadran a plusieurs niveaux, le sous-cadran étant dédié à l'affichage du second fuseau via une graduation 24 heures. La forme des index reprend celle des aiguilles, ces dernières étant très lisibles. Incontestablement, nous sentons qu'un soin tout particulier a été apporté à ce cadran: il est sobre sans être ennuyeux, d'inspiration "militaire" tout en restant élégant. Les chiffres et index appliqués sont situés sur le rehaut incliné qui contribue à réduire la perception de la taille de la montre. Afin d'éviter de tomber dans une trop grande sobriété, deux petites touches de couleur ont été apportées: la flèche de l'aiguille GMT et la fin de l'indicateur de la réserve de marche se parent d'un rouge qui égaye le cadran. A 3 heures se trouve le guichet de date, extrêmement discret. L'équipe Schofield a eu la bonne idée d'utiliser un disque noir ce qui favorise l'intégration du guichet sur le cadran.

J'ai parlé précédemment du boîtier. Il est beaucoup plus complexe qu'il ne le laisse supposer. Lorsque vous le regardez de profil, sa forme combinée à celle du verre fait penser à un projecteur à lentille de Fresnel, nouveau clin d'oeil à l'univers des phares! Le poussoir de l'aiguille GMT est discrètement placé à 4h30 au départ de la corne. Un endroit inhabituel mais loin d'être désagréable.
La base du boîtier est la partie la plus large. Vous noterez l'emplacement du poussoir:

A une époque où le moindre mouvement doit être visible, je trouve que la représentation du phare est une bien meilleure idée pour illustrer le fond du boîtier. Cela rappelle le contexte de la montre et de plus le mouvement de la Signalman n'est pas d'une beauté fracassante: il s'agit d'un calibre de base Soprod A10 qui tracte le module 9335 qui fournit la fonction GMT ainsi que l'indicateur de la réserve de marche. Le mouvement a une fréquence de 4hz et une réserve de marche minimum de 42 heures. Une autre raison exigeait que le fond soit plein: le mouvement est protégé par une construction anti-magnétique. A noter que l'étanchéité de la Signalman est de 500 mètres.

J'ai donc beaucoup apprécié la Signalman. Elle n'apporte rien de révolutionnaire et son contenu horloger n'est pas renversant même s'il ne souffre d'aucun reproche particulier. En revanche, son inspiration, le soin dans les détails, la cohérence du design lui donnent beaucoup de charme. Et puis, je suis sensible à ces démarches originales qui ont pour but de raconter des histoires peu présentes dans l'univers horloger actuel.

Les prix des deux versions (sans et avec DLC) respectivement de 2.465 GBP et de 2.785 GBP hors frais de port et hors taxes sont loin d'être donnés mais c'est la contrepartie malheureusement logique des petites productions.
Un grand merci à Giles Ellis et M.N.Hopwood pour leur accueil pendant le Salon QP.