Emmanuel Dietrich est un designer qui a exercé son talent dans des domaines très divers comme l'ameublement, le matériel médical, le champagne et plus récemment dans la joaillerie et l'horlogerie. En 2010, il prit la décision de créer sa propre marque de montres. Ses efforts se concrétisent à la rentrée 2011 avec la présentation des premiers modèles de sa collection. Sa ligne directrice est de définir des montres qui sont dédiées à des activités particulières mais partageant en commun un design épuré.
La Night que je vous présente a pour vocation d'être la montre élégante de soirée. En la découvrant, très rapidement deux remarques me viennent à l'esprit:
- j'ai le sentiment d'évoluer en terrain connu
- le cadran me semble être l'élément le plus réussi.
Emmanuel Dietrich a choisi une voie que je trouve un peu surprenante. Pour définir sa montre élégante, il est parti d'un mouvement Unitas 6498 qui impose automatiquement plusieurs contraintes qui sont la taille et l'épaisseur du boîtier. De fait, la Night (dans sa version Blue Silver en photos) est une montre relativement imposante avec un diamètre de 42mm et une épaisseur de 10,9mm. Après tout, pourquoi pas, ce n'est pas la première fois que nous voyons une montre de cette taille dans ce créneau. Dans ce cas, cela doit être contre-balancé par une certaine finesse dans l'exécution.
Or la Night ne joue pas vraiment cette partition. Certes, la finition du boîtier est tout à fait correcte et les cornes sont bien dessinées. Certes, la Night peut faire preuve d'une certaine subtilité grâce aux effets de lumière sur le cadran, les aiguilles et les index en or. Certes le contraste entre le registre de la petite seconde au cerclage diamanté et la couleur principale du cadran donne une touche d'originalité. Certes, l'ensemble reste équilibré car les proportions sont respectées. Certes, la Night se porte avec confort et son bracelet est d'une belle qualité. Et pourtant l'ensemble, malgré des détails intéressants, présente une lourdeur visuelle que je trouve peu compatible avec la destination affichée de la Night.
Je pense sincèrement que compte tenu de l'objectif, une montre avec un boîtier plus petit, plus fin équipée par exemple d'un mouvement de type Peseux 7001 aurait été plus appropriée.
En retournant la montre, grâce au fond saphir, nous pouvons observer le mouvement Unitas. Il ne présente aucune particularité dans son traitement si ce n'est sa finition noircie. Nous retrouvons les sempiternelles vis bleues à fente blanche inhérentes à cette catégorie de décoration de l'Unitas. J'en profite pour faire un aparté: il faudra qu'un jour les marques réalisent que ces vis ne sont pas valorisantes (à titre personnel, je les trouve laides) et qu'il vaut mieux une finition discrète plutôt que de tomber dans ce gimmick horloger. Les vis, elles sont bleuies et pas bleues et doivent s'insérer dans un contexte approprié. Si ce n'est pas le cas, l'abstention est la meilleure attitude.
En soi, l'Unitas 6498 ne génère aucun reproche: il est fiable, joli à observer, adapté à la taille du boîtier et d'une diffusion large rassurant sur la pérennité de la montre. Je regrette qu'aucun effort particulier n'ait été fait par exemple au niveau de l'organe réglant: c'est l'Unitas dans sa livrée standard du point de vue technique qui nous est proposé ici.
Et c'est quelque chose qui me chagrine beaucoup. Car le prix de vente, proche de 4.500 euros dans la version à boîtier acier me semble totalement prohibitif compte tenu de ce que la Night propose comme contenu. Un design épuré, sans défaut et quelques bonnes idées ne peuvent suffire à ce niveau de prix. Je comprends tout à fait le problème des jeunes marques qui se lancent dans de petites séries: les prix des pièces détachées sont élevés, bien plus que ce que l'on peut imaginer. Mais hélas, le prix de vente ne se détermine pas par les coûts des pièces et de production. Le prix de vente est déterminé par le marché et le marché dit que dans ce segment de montres à calibre Unitas, à finition égale, distribuées par un détaillant "physique", le prix se situe à la moitié dans la fourchette haute. Et malheureusement, il est difficile d'échapper à une telle équation.
Je pense sincèrement qu'avec du recul, Emmanuel Dietrich étoffera sa collection avec des modèles présentant une meilleure adéquation entre le prix et la perception de la clientèle. Je le souhaite car j'ai trouvé dans cette Night des idées qui mériteront d'être poursuivies avec d'autres vecteurs. Je trouve que le concept de montres adaptées à un moment de vie est intéressant et d'ailleurs, l'autre création d'Emmanuel Dietrich, la Snow, en tire profit.
Je tiens à remercier l'équipe de la Boutique Xavier Pénichot à Paris pour son accueil.
Or la Night ne joue pas vraiment cette partition. Certes, la finition du boîtier est tout à fait correcte et les cornes sont bien dessinées. Certes, la Night peut faire preuve d'une certaine subtilité grâce aux effets de lumière sur le cadran, les aiguilles et les index en or. Certes le contraste entre le registre de la petite seconde au cerclage diamanté et la couleur principale du cadran donne une touche d'originalité. Certes, l'ensemble reste équilibré car les proportions sont respectées. Certes, la Night se porte avec confort et son bracelet est d'une belle qualité. Et pourtant l'ensemble, malgré des détails intéressants, présente une lourdeur visuelle que je trouve peu compatible avec la destination affichée de la Night.
Je pense sincèrement que compte tenu de l'objectif, une montre avec un boîtier plus petit, plus fin équipée par exemple d'un mouvement de type Peseux 7001 aurait été plus appropriée.
En retournant la montre, grâce au fond saphir, nous pouvons observer le mouvement Unitas. Il ne présente aucune particularité dans son traitement si ce n'est sa finition noircie. Nous retrouvons les sempiternelles vis bleues à fente blanche inhérentes à cette catégorie de décoration de l'Unitas. J'en profite pour faire un aparté: il faudra qu'un jour les marques réalisent que ces vis ne sont pas valorisantes (à titre personnel, je les trouve laides) et qu'il vaut mieux une finition discrète plutôt que de tomber dans ce gimmick horloger. Les vis, elles sont bleuies et pas bleues et doivent s'insérer dans un contexte approprié. Si ce n'est pas le cas, l'abstention est la meilleure attitude.
En soi, l'Unitas 6498 ne génère aucun reproche: il est fiable, joli à observer, adapté à la taille du boîtier et d'une diffusion large rassurant sur la pérennité de la montre. Je regrette qu'aucun effort particulier n'ait été fait par exemple au niveau de l'organe réglant: c'est l'Unitas dans sa livrée standard du point de vue technique qui nous est proposé ici.
Et c'est quelque chose qui me chagrine beaucoup. Car le prix de vente, proche de 4.500 euros dans la version à boîtier acier me semble totalement prohibitif compte tenu de ce que la Night propose comme contenu. Un design épuré, sans défaut et quelques bonnes idées ne peuvent suffire à ce niveau de prix. Je comprends tout à fait le problème des jeunes marques qui se lancent dans de petites séries: les prix des pièces détachées sont élevés, bien plus que ce que l'on peut imaginer. Mais hélas, le prix de vente ne se détermine pas par les coûts des pièces et de production. Le prix de vente est déterminé par le marché et le marché dit que dans ce segment de montres à calibre Unitas, à finition égale, distribuées par un détaillant "physique", le prix se situe à la moitié dans la fourchette haute. Et malheureusement, il est difficile d'échapper à une telle équation.
Je pense sincèrement qu'avec du recul, Emmanuel Dietrich étoffera sa collection avec des modèles présentant une meilleure adéquation entre le prix et la perception de la clientèle. Je le souhaite car j'ai trouvé dans cette Night des idées qui mériteront d'être poursuivies avec d'autres vecteurs. Je trouve que le concept de montres adaptées à un moment de vie est intéressant et d'ailleurs, l'autre création d'Emmanuel Dietrich, la Snow, en tire profit.
Je tiens à remercier l'équipe de la Boutique Xavier Pénichot à Paris pour son accueil.