Le Centigraphe Sport fut dévoilé en mai 2011 lorsque François-Paul Journe céda le numéro 001 pour qu'une action de charité en faveur de la fondation franco-japonaise Fère soit menée via Christie's afin de venir en aide aux victimes du Tsunami.
L'objet des lignes suivantes n'est pas de rouvrir le débat sur la possibilité d'un chronographe de mesurer au 1/100ième de seconde alors que la fréquence du balancier est de 3hz mais plutôt de se concentrer sur les premiers pas de François-Paul Journe dans un nouveau territoire, celui des montres à caractère plus sportif.
Il y a un détail important à rappeler. Ce Centigraphe CTS n'a pas la vocation d'être une démarche isolée mais bien d'être le premier représentant d'une toute nouvelle collection qui s'agrandira dans le futur: la "LineSport". Cette collection aura pour but de proposer des montres combinant légèreté, solidité à travers l'emploi de matériaux spécifiques et contenu horloger fidèle aux principes de François-Paul Journe.

Pourtant au final, le CTS m'a bien plus convaincu que, par exemple, une Richard Mille Nadal. Cette dernière m'a provoqué une immense déception: un cadran pas si impressionnant que cela, un poids tellement faible que l'on a le sentiment de porter une montre en plastique, un aspect qualitatif très moyen, le tout pour une somme approchant le demi-million d'euros. Le CTS navigue finalement dans d'autres eaux. Son prix est 10 fois inférieur et si la légèreté reste sa qualité la plus immédiatement perceptible, sa présentation est bien plus qualitative selon moi.

Le boîtier est élargi de 2mm par rapport au Centigraphe Souverrain (42mm vs 40mm) mais la montre reste tout à fait portable car son confort a été étudié avec beaucoup de soin. A noter que le CTS est légèrement plus épais que le Centigraphe Souverrain: 11,60mm vs 10,70mm. Le CTS respecte donc les critères de finesse de la marque.
Grâce aux pièces de bout qui peuvent pivoter sur 15°, le bracelet s'adapte à tous les poignets même aux petits étonnement. Le bracelet est d'une rare souplesse: les maillons semblent indépendants les uns des autres. Leurs bouts sont évidés afin que les éléments en caoutchouc armé (comportant des résines en fibre de carbone), s'insèrent de façon extrêmement solide grâce à leur forme de moulure. Le bracelet est à la fois la grande force du CTS grâce à ses performances, sa finition, les pièces de fixation en titane, la qualité de la boucle déployante et du fermoir mais aussi un peu sa faiblesse: c'est son rendu visuel qui provoque certaines réactions négatives. Si la liberté qu'ont les maillons les uns par rapport aux autres est positive pour le confort, elle l'est moins pour la qualité perçue, le bracelet pouvant sembler être "lâche" par moment. Je pense sincèrement qu'il faut voir ce bracelet, le toucher pour apprécier le travail très poussé qui a été réalisé. Je ne suis pas fan de son aspect et j'ai du mal à le voir associé avec une montre "F.P.Journe". Mais je ne conteste ni son efficacité ni son exécution sans faille.


La réserve de marche est toujours située autour d'une centaine d'heures et de 24 heures en cas de fonctionnement permanent du chronographe. Les autres caractéristiques du mouvement (balancier à 4 masselottes, fréquence, inertie, amplitude, dimensions etc...) sont identiques avec celles du mouvement du Centigraphe Souverrain.

La décoration plus "sport" du CTS ne nuit pas à la lisibilité: les sous-cadrans sont ouverts mais l'utilisation d'une peinture blanche combinée aux graduations rouges permet de conserver une bonne lisibilité. Les aiguilles et les chiffres moulés dans la masse sont luminescents. L'adaptation du cadran à ce contexte plus sport est réussi car les couleurs se mélangent bien sans aucune agressivité visuelle.
La bascule et la couronne sont en titane recouvert de caoutchouc. Elles se manipulent très aisément même si la couronne doit être tirée pour pouvoir remonter le mouvement. En position zéro, la couronne n'a aucune fonction. A noter la présence sur la carrure gauche d'une petite coquetterie avec une sorte de ligne de caoutchouc qui permet de poser délicatement la montre sur le côté.
Alors quel est finalement mon verdict concernant ce CTS?
Je ne suis pas vraiment attiré par cette montre car lorsque je m'oriente vers une marque, j'ai toujours tendance à me diriger vers ce qu'elle fait de mieux ou dans son domaine de prédilection. Et j'imagine François-Paul Journe bien plus à l'aise dans la création d'un Tourbillon Souverrain ou d'un Chronomètre à Résonance car c'est toute sa sensibilité horlogère qui s'exprime. Avec le CTS, nous le sentons plus hésiter dans la posture à adopter: il veut bien se lâcher dans certains détails mais il se raccroche toujours à son univers de coeur. Le CTS reste avant tout une montre Journe avec une approche plus "sport" qu'une montre véritablement "sport" équipée du 1506.

Dans le segment (très réduit) de la montre de haute horlogerie ultra-légère, le CTS m'a bien plus convaincu que la Richard Mille Nadal. Il est certes deux fois plus lourd mais j'ai eu de bien meilleures sensations avec lui au poignet car la qualité perçue n'a pas été sacrifiée sur l'autel de la légèreté. Journe a su trouver le bon compromis finalement.