Le duo BR-WW1 et BR-PW1 (montre de poche) fut dévoilé au cours du Salon de Bâle de 2011. Il complète la démarche de Bell&Ross consistant à présenter des montres qui témoignent de l'évolution de la montre militaire au fil du temps.
La BR-WW1 fait référence à la deuxième étape de cette évolution en s'inspirant des premières montres-bracelets. C'est cette inspiration qui donne du charme et de l'intérêt à la BR-WW1 car si son contenu horloger est on ne peut plus classique (mouvement ETA 2897 à indicateur de réserve de marche), la réussite de son design la rend séduisante, tout du moins à mes yeux.
L'idée a été de retrouver la sensation d'une montre de poche au poignet. De fait, la montre a un diamètre important (45mm) et un côté tout en rondeur renforcé par la forme du verre. Le côté original provient du léger déséquilibre entre la largeur des cornes inspirées par les anses à fil et le diamètre du boîtier. Ce point, qui fait partie évidemment des caractéristiques de ces premières montres-bracelets, renforce avantageusement le caractère "montre de poche" de la BR-WW1.
Le cadran est évidemment très lisible. Nous pouvons cependant nous interroger sur la présence de l'indicateur de réserve de marche peu conforme à l'esprit de la montre. Finalement, il n'apparaît pas comme le cheveu dans la soupe car il casse l'austérité du cadran... et accessoirement permet l'utilisation de l'ETA 2897 à seconde centrale. Ce mouvement, présenté en 2004, a une réserve de marche de 42 heures, une fréquence de 4hz et a un diamètre de 25,6mm. On pouvait donc craindre le pire dans une montre de 45mm de diamètre mais les designers s'en sont très bien sortis: l'indicateur de réserve de marche est correctement positionné (à noter que le fond du boîtier est plein). Ce calibre comporte un disque de quantième mais heureusement, Bell&Ross a choisi de s'en passer. J'ai pourtant vu sur l'animation "Evolution de la montre militaire" présente sur le site une version de cette BR-WW1 avec un malheureux guichet perdu dans le "3" du cadran. J'espère donc que la version définitive est bien sans date ce qui semble être le cas. Après, nul doute que la montre sera déclinée avec d'autres complication dont cette fameuse date.
Je dois avouer qu'au poignet, la BR-WW1 m'a beaucoup plu... elle renouvelle le style Bell&Ross tout en conservant certains traits du design caractéristique de la marque. Elle évoque évidemment la Radiomir du fait notamment des anses à fil mais finalement je l'ai trouvée différente d'une 210 par exemple. D'abord le boîtier, le verre et la couronne n'ont pas la même forme et les anses sont plus épaisses. Incontestablement, la présentation générale d'une Radiomir est plus raffinée, plus subtile, la Bell&Ross est plus basique ce qui n'est pas si problématique compte tenu de son inspiration. La question à se poser est de savoir si un mouvement à remontage manuel n'aurait pas été bienvenu dans ce contexte. Je le pense mais compte tenu de la taille un Unitas aurait été le plus adapté. Il aurait alors nécessité un travail horloger complémentaire pour avoir une seconde centrale.
La BR-WW1 n'est pas, on s'en doute, une montre au contenu horloger éblouissant. Mais son design très bien pensé et en rupture par rapport aux autres montres Bell&Ross permet de compléter de façon astucieuse la collection de la marque qui en avait besoin afin de ne pas être trop dépendante du succès de ses modèles phares.
Merci à l'équipe Bell&Ross pour son accueil lors du Salon de Bâle.