Après une année 2010 que j'ai trouvée un poil décevante malgré la superbe White Shark (l'UR-203 m'avait un peu déçu car renouvelant peu le concept), Urwerk démarre 2011 en fanfare avec une montre radicalement différente des autres modèles de la marque: l'UR-110.
Son nom laisse à penser qu'il s'agit d'une évolution de la collection 10x mais nous allons voir qu'elle partage bien peu de points communs avec elle... à un tel point que l'UR-301 m'aurait semblé un nom plus adéquat!
Si le principe de l'affichage de l'heure fondé sur l'heure vagabonde reste le même, l'UR-110 témoigne d'une véritable rupture de style de la part de Martin Frei. Au premier coup d'oeil, deux détails surprennent. Le premier est évidemment la graduation des minutes verticale et située à droite du boîtier. Voilà une vrai révolution pour Urwerk après des années de graduations des minutes dans le sens horizontal! L'avantage d'un tel emplacement est que la lecture de l'heure peut se faire facilement en soulevant légèrement la chemise (si l'UR-110 est portée au poignet gauche) alors qu'auparavant toute la montre devait être découverte.
Le second détail est la forme du boîtier. Comme de tradition avec Urwerk, le boîtier est en totale cohérence avec le système d'affichage et de fait, il n'est plus verticalement symétrique. Il est tout en subtilité et donne l'impression d'avoir subi un test en soufflerie: sa forme galbé et aérodynamique contribue à réduire la perception de taille. Il reste malgré tout volumineux: 47mmx51mm avec une épaisseur maximum de 16mm. Mais l'utilisation du titane combinée avec l'ergonomie particulièrement bien étudiée rend l'UR-110 très confortable au porté.
La carrure du boîtier peut faire penser à des fanons de baleine:
Il y a une petite habitude chez Urwerk qui consiste à affubler chaque modèle d'un petit surnom. L'UR-110 n'échappe pas à la règle, le sien étant "Torpedo". Il est évident qu'il est lié au système d'affichage de l'heure et à sa cinématique. L'UR-110, c'est un peu une espèce d'enfant terrible dont les parents seraient une 10x et une 20x générant quelque chose de totalement nouveau. Comme sur une 10x, la graduation des minutes est en arc de cercle. Comme sur une 20x, le système des satellites est abandonné au profit de celui des cubes qui tels des dés tournent pour dévoiler l'heure adéquate. Mais des différences fondamentales existent par rapport aux deux devancières.
La cinématique des modules des heures et de leurs pointes est en effet unique. Les 3 modules restent ainsi parfaitement parallèles pendant toute leur révolution, quelques soient leurs positions au-dessus de la platine. Cela semble naturel au départ et puis on se rend compte de la subtilité d'un tel ballet. Alors que le carrousel central permet aux modules d'effectuer un tour complet toutes les 3 heures, un mécanisme individuel contre-balance la rotation des modules liée au carrousel central afin d'assurer la constance du parallélisme. Pour apprécier ce rôle de compensation, il faut tirer la couronne et accélérer le temps: visuellement, c'est un régal. Le mécanisme de compensation a également un autre rôle. Il rapproche ou éloigne les modules des heures du centre de la montre. Sans cette astuce, il aurait fallu un boîtier bien plus important pour que les modules puissent évoluer. Bref, une nouvelle fois, Félix Baumgartner, avec l'aide de Dominique Busser et des horlogers d'Urwerk, a construit un système original et innovant à partir de cette idée vieille comme l'horlogerie qu'est l'heure vagabonde.
L'autre spécificité de l'UR-110 est la présence des informations du panneau de contrôle côté cadran. Plus besoin de retourner la montre, la trotteuse est visible à côté du carrousel central même si elle peut se retrouver cachée par un module pendant quelques minutes. Les complications additionnelles sont classiques chez Urwerk: nous retrouvons l'affichage jour&nuit et le témoin de révision. Mais tout comme la trotteuse, ils peuvent se retrouver sous un module ce qui en soit n'est pas grave car s'agissant de complications qui ne nécessitent pas une lecture instantanée.
Lorsque nous retournons la montre, nous découvrons les deux turbines qui avaient fait leur première apparition avec l'UR-202. Cependant, il n'y a pas sur cette UR-110 un système de réglage de l'efficacité du remontage. Dommage. Les deux turbines témoignent cependant de l'automatisme du mouvement et de l'utilisation d'une base similaire, à savoir le calibre GP 3100.
Nouveau style, nouvelle cinématique, l'UR-110 est donc bien plus qu'une évolution de la collection 10x: elle réussit à renouveler la démarche d'Urwerk en apportant une identité propre tout en conservant les détails qui rendent unique le talent de l'équipe menée par Félix Baumgartner et Martin Frei.