La Lange 1 Moonphase fut présentée en 2002 soit 8 ans après la Lange 1. Ce n'est ni la première Lange avec un affichage des phases de lune (la 1815 Emil Lange a ce privilège) ni la première Lange 1 à comporter une complication additionnelle (la Lange 1 Tourbillon l'a précédée). Et pourtant, cette Lange 1 Moonphase occupe une place très intéressante dans la collection Lange grâce à son charme et à une spécificité technique sur laquelle nous reviendrons.
Lors de sa présentation, la Lange 1 Moonphase a provoqué des sentiments contrastés: d'un côté, les commentaires favorables soulignaient la parfaite intégration de la complication et la préservation de l'harmonie du cadran de la Lange 1. Les critiques mettaient en avant la présence inhabituelle pour une montre élégante d'aiguilles et d'index luminescents alors que la lune en elle-même ne l'était point.
En examinant la montre, c'est avec beaucoup de satisfaction que nous remarquons que les proportions idéales de la Lange 1 ont été préservées. Le diamètre du boîtier reste le même (38,5mm), l'organisation du cadran équilibrée, tout juste nous notons une légère augmentation de l'épaisseur (10,4mm contre 10mm) bien normale compte tenu du mécanisme complémentaire logé entre la platine et le cadran. L'affichage des phases de lune a été placé dans le seul endroit disponible, dans le secteur de la petite seconde. Du fait de l'organisation du cadran, lorsque la pleine lune est affichée, elle est parfaitement alignée avec l'axe de l'aiguille de la réserve de marche et la séparation entre les deux chiffres de la grande date.
L'organisation du cadran de la Lange 1:
Cependant, malgré ces similarités, des différences existent par rapport à la Lange 1. La plus évidente est l'utilisation des aiguilles et index luminescents. Je ne connais pas la raison fondamentale de ce choix si ce n'est celui d'apporter une rupture plus nette par rapport au cadran de la Lange 1 et de rappeler que la lune est visible... la nuit. L'utilisation des index carrés au niveau de l'affichage de l'heure a une conséquence: les chiffres romains sont positionnés plus près de l'axe des aiguilles pour faire un peu de place. De plus, un cercle intérieur a été dessiné afin de séparer la zone centrale de celle des chiffres et index. Au final, l'affichage de l'heure semble légèrement plus petit sur la Lange 1 Moonphase que sur la Lange 1.
Il est temps de retourner la montre. Au premier coup d'oeil, rien ne différencie le mouvement L901.5 du L901.0. Un petit détail nous permet cependant de les distinguer: le nombre de rubis est de 54 sur le L901.5 contre 53 pour le calibre sans phases de lune. Il suffit donc de lire cette indication présente sur la platine pour les reconnaître.
Nous nous retrouvons en terrain connu: la fréquence (3hz), la réserve de marche de 3 jours, les décorations typiques du style Lange, le plaisir au remontage malgré le double-barillet, tout est là. Le nombre de pièces dans le mouvement est logiquement supérieur à celui du L901.0: le mécanisme d'affichage comporte en effet 93 pièces. Il faut dire que cet affichage est tout sauf anodin.
Sa précision est d'une déviation d'une journée tous les 122,6 ans. Il s'agit d'une précision très appréciable mais qui finalement se retrouve très régulièrement dans les montres du même segment et qui fut même dépassée de façon théorique par celle de l'Emil Lange (1 jour tous les mille ans). Le principal intérêt est en revanche la course continue de la Lune sur le cadran. Contrairement aux affichages habituels qui sautent une fois ou deux par jour, la Lune est ici constamment en mouvement. Comment est-ce possible? Tout simplement en couplant l'affichage à la roue des heures. Bien évidemment, Lange a développé un système qui permet de régler les phases de lune par le biais d'un poussoir intégré dans le boîtier entre 7 et 8 heures sans influencer l'affichage de l'heure. C'est cette Lune jamais statique qui donne tout son intérêt à la Lange 1 Moonphase en plus évidemment de tout ce que nous pouvons apprécier dans une montre Lange.
La Lange 1 Moonphase est aujourd'hui disponible en or jaune, en or rose et en platine. Ma version préférée est cette dernière car j'apprécie particulièrement ses teintes et son cadran en argent rhodié. La version en or rose me plaît également beaucoup par la chaleur qu'elle dégage. Je suis moins convaincu par la version en or jaune même si elle reste une très belle montre.
L'affichage des phases de lune a également été intégré dans la Grande Lange 1 mais uniquement dans le cadre de la série limitée Luna Mundi composée de 101 sets de deux montres, une en or gris (affichant la Grande Ourse pour l'hémisphère nord) et une en or rose (affichant la Croix du Sud pour l'hémisphère sud). Petit détail amusant: le mouvement de la montre de l'hémisphère sud a 4 pièces de plus que l'autre montre afin d'inverser le parcours de la lune.
Il est également important de signaler que deux autres série limitées proposent une Lange 1 Moonphase sans aiguilles luminescentes: une de 100 pièces, en or gris, cadran blanc et aiguilles bleuies dédiée au marché italien et une de 25 pièces à cadran guilloché et en or gris: la Tokyo Edition.
Incontestablement, la Lange 1 Moonphase est une montre très désirable. Son charme provient sûrement de cette combinaison entre la rigueur toute germanique dans la conception et l'exécution et la poésie, pour ne pas dire le romantisme de la complication additionnelle. Tout cela fait que si je devais acheter une Lange 1, ce serait vers la Lange 1 Moonphase que je me tournerais.