Le Salon Belles Montres 2010 m'a donné l'opportunité de faire un point complet avec Guillaume Tetu sur Hautlence et sur la HL2 qui sera présentée dans sa version définitive lors du premier trimestre 2011.
A nouvelle équipe, nouvelle impulsion: Guillaume a saisi l'opportunité des changements intervenus au sein de la marque pour s'occuper de façon globale de la destinée de Hautlence et de plus s'impliquer dans la stratégie de communication. Cet aspect fut longtemps le talon d'Achille de Hautlence: sur un créneau horloger très particulier, celui des montres à affichage original de l'heure fabriquées en petites séries, il est nécessaire de présenter le produit, d'expliquer la démarche auprès des collectionneurs du monde entier. La qualité intrinsèque de la montre ne suffit pas: il faut convaincre l'acheteur potentiel de la pertinence de son choix et cela passe par une proximité entre la marque et le client final.
La nouvelle dynamique de Hautlence ne se résume pas uniquement à cette meilleure présence sur le marché. Elle est avant tout soutenue par la sortie prochaine d'une montre qui fait changer Hautlence de dimension: la HL2.
Jusqu'à maintenant, Hautlence est connu et apprécié pour ses montres à heures sautantes et à minutes rétrograde dont l'originalité réside dans l'organisation particulière du cadran, l'utilisation d'une aiguille des minutes fonctionnant comme un essuie-glace et la forme du boîtier en écran de télévision des premiers modèles. Les mouvements sont développés spécifiquement à partir d'un Peseux 7001 dont la puissance est suffisante pour tracter la complication de l'affichage.
Mais avec la HL2, Hautlence franchit un palier. Si nous retrouvons quelques éléments propres à Hautlence (les heures sautantes et les minutes rétrogrades), la HL2 veut symboliser une ambition horlogère bien supérieure.
Comment décrire la HL2 en quelques mots? Tout d'abord, à travers cette montre, Hautlence propose sa première montre automatique. Ensuite, les heures sont indiquées grâce à une chaîne dont chaque maillon représente l'heure à afficher. Et surtout: le système d'affichage interagit sur l'organe régulant de la montre, "renversant" un peu le principe traditionnel. Enfin, la HL2 marque une nette évolution esthétique.
Pendant le Salon, Guillaume présentait le prototype dans son tout nouveau boîtier. Ce dernier est en effet de taille plus contenue que le boîtier des premiers prototypes et mieux conçu: la surface vitrée est optimisée, l'entrecorne élargi et l'angle à 90° du verre ne cache plus une partie de la chaîne des heures: la montre gagne en lisibilité, en qualité perçue et en harmonie. Elle reste cependant imposante mais cela est dû aux complications qu'elle propose et à l'aspect tri-dimensionnel du mouvement.
Comme évoqué précédemment, l'affichage des heures s'effectue par une chaîne composée de 12 maillons liés entre eux par de subtiles charnières. 4 maillons sont visibles de façon permanente lorsque nous retournons la montre. Toute la difficulté concernant cette complication est de maîtriser la vitesse de rotation de la chaîne: elle n'est pas continue car l'heure est sautante. L'équipe Hautlence a donc imaginé un système bielle-manivelle similaire à ceux utilisés par les locomotives à vapeur pour piloter la chaîne et amortir les effets liés à son accélération et son arrêt. Mais ce n'est pas tout: lorsque la chaîne saute au changement d'heure, elle entraîne la mise en rotation de l'organe régulant ainsi que d'une partie des rouages: l'ensemble composé du balancier, du double-spiral Straumann, de la roue d'ancre et de la roue de seconde et de moyenne pivote instantanément de 60°. L'organe régulant effectue donc 4 révolutions complètes par jour. L'intérêt chronométrique d'une telle prouesse est plus que limité lorsque la montre est au poignet: dans ce cas, le principal atout est la transformation visuelle du calibre toutes les heures. Le spectacle devient impressionnant lorsque l'organe régulant se retrouve à 90° par rapport au cadran. Il est aussi très inhabituel: c'est différent de ce que peut proposer par exemple un Tourbillon incliné ou un Tourbillon multi-axial.
C'est en revanche lorsque la montre est posée qu'une telle rotation a plus de sens du point de vue horloger: elle a pour but de corriger statistiquement les écarts de fonctionnement de l'organe régulant dus à la gravité. Alors bien évidemment, même dans ce cas, l'utilité d'un tel système peut sembler utopique: la volonté d'intervenir sur la réduction des écarts entraînant d'autres contraintes comme notamment la transmission de l'énergie nécessaire à son fonctionnement. Mais après tout, qu'importe! Hautlence propose une complication alternative aux Tourbillons et la façon dont elle est mise en scène constitue un régal pour les yeux.
Comme nous pouvons nous en douter, l'énergie requise pour le déplacement de la chaîne et la rotation de l'organe régulant est importante et c'est la raison pour laquelle le mouvement comporte deux barillets: l'un est dédié au fonctionnement de la montre, l'autre à celui de la complication. Lorsque l'aiguille rétrograde des minutes retourne à zéro, le second barillet délivre alors son énergie et la complication de l'heure sautante et de l'organe régulant entre en action. En deux secondes, tout est calé pour l'heure qui débute.
L'affichage des minutes s'effectue sur un secteur à 180° plus naturel que celui à 120° utilisé sur les premières Hautlence: leur lecture devient plus intuitive. Vous noterez que sur le proto, un espace est ouvert sous la graduation des minutes: il sera dédié à l'affichage de la réserve de marche, prévue à 48 heures.
Au verso de la montre, outre les 4 maillons visibles de la chaîne et le côté opposé de l'organe régulant, grande première pour Hautlence, la masse oscillante est dévoilée. Il est clair qu'un calibre automatique est particulièrement adapté au contexte de la HL2 permettant le maintien de la réserve d'énergie des deux barillets à un niveau suffisant.
Comme vous le voyez à travers les photos du prototype, de nombreux détails sont encore à peaufiner afin de terminer la montre. Du fait de la taille de la chaîne et de la place nécessaire pour la rotation de l'organe régulant, la montre est volumineuse: c'est un sacré parallélépipède au poignet. Mais la taille ne choque pas car cohérente avec la montre.
Il est clair que nous attendons maintenant avec impatience la version finale de cette HL2 qui surprend par l'ingéniosité et l'originalité de sa complication, par son effet de volume et de profondeur, par son style audacieux. Avec la HL2, Hautlence quitte le monde des montres à affichage original pour rejoindre celui des montres superlatives. Il s'agit donc d'une première étape dans la nouvelle orientation stratégique de la marque. Bien évidemment, je souhaite à Guillaume Tetu et à son équipe que cette ambition soit couronnée de succès. La HL2 (j'espère qu'elle sera baptisée avec un nom plus évocateur) a tous les ingrédients pour y parvenir.