Je dois l'avouer, je partais avec un a priori défavorable concernant cet Extreme Tourbillon. Tout d'abord, je ne suis pas un fan absolu du Master Tourbillon (malgré son intérêt technique indéniable). Ensuite, j'ai un peu de mal à concevoir un Tourbillon dans un autre contexte que celui d'une montre habillée. Mais, fait étrange, l'Extreme Tourbillon a fini par me séduire et je vais vous expliquer pourquoi.
Cela fait quelques années que se développe une tendance de l'horlogerie contemporaine: le tourbillon, pourtant symbole de raffinement, est utilisé dans des montres tout-terrain, dans des montres de sport, voire même dans des plongeuses afin de répondre à une demande croissante des clients qui souhaitent que cette complication prestigieuse puisse les accompagner au poignet tout le long de la journée et pas uniquement en costume. On se souvient de Carlos Dias qui avait initié ce mouvement avec l'Easy Diver Tourbillon.
L'Extreme Tourbillon s'inscrit dans cette lignée de montres sportives à Tourbillon. Jaeger-Lecoultre est parti bien évidemment du Master Tourbillon et de son calibre 978 pour le créer. Le Master Tourbillon avait de toutes les façons des prédispositions pour évoluer en montre plus sportive. Lors de sa présentation, Jaeger-Lecoultre avait rappelé que la conception du Tourbillon et du calibre 978 avait été menée dans le but de pouvoir utiliser la montre sans souci: au-delà du test des 1000 heures, à l'époque, le Master Tourbillon était la seule montre à passer le test du mouton-pendule.
Au premier coup d'oeil, aucun doute ne subsiste: nous sommes bien en présence de d'une montre de la gamme Master Compressor comme l'atteste la présence de la clé de compression. Cette clé a pour but de surcomprimer un des joints de la couronne pour améliorer la pérennité de l'étanchéité prévue à 100 mètres. Au-delà de sa fonction, la clé de compression contribue à donner un style très énergique à l'Extreme Tourbillon.
La forme du boîtier, la typographie et les aiguilles sont également en cohérence avec la gamme Master Compressor: les aiguilles s'épaississent, les chiffres du cadran s'agrandissent et ils deviennent tous luminescents. Or comme je trouve les chiffres des cadrans de la gamme Master Control trop petits, ces changements ne sont pas pour me déplaire.
Nous retrouvons les deux caractéristiques de la Master Tourbillon à savoir l'affichage à 12 heures d'un second fuseau ainsi que celui de la date par aiguille, les quantièmes étant inscrits sur le rehaut de la lunette. Il est quand même important de revenir sur cet affichage particulier de la date qui constitue une vraie prouesse: afin d'éviter de cacher le Tourbillon, l'aiguille à l'issue du 15ième jour saute au dessus de l'ouverture du cadran pour se positionner de l'autre côté. Il aurait été dommage que le spectacle offert par la cage du Tourbillon soit gâché pendant quelques jours. Cet affichage astucieux rappelle que non seulement Jaeger-Lecoultre a développé un Tourbillon maison mais a aussi rajouté au calibre des fonctions utiles comme le second fuseau et cette date qui se règle indifféremment en avançant ou en reculant.
Le boîtier, en or rose et titane, réserve également des surprises. Tout d'abord, sa construction a pour but d'absorber les chocs subis: la partie centrale du boîtier, en titane, protège le mouvement. Cette partie centrale est entourée par la lunette et le support inférieur qui contient la boîte du mouvement. Cette boîte bouge verticalement et grâce à un coussin d'air, l'énergie des chocs est absorbée.
Ensuite, il comporte le système d'interchangeabilité du bracelet: grâce à deux bouton-poussoirs situés sur le fond du boîtier à 6 et 12 heures, les entrecornes sont déplacées, dégageant ainsi les barrettes de leurs logements. Un bon moyen d'éviter les griffures sur le boîtier!
Le calibre automatique 978 est ici caché par le fond plein. Nous retrouvons les mêmes performances que pour la Master Tourbillon à savoir une fréquence de 4hz et une réserve de marche de 48 heures. Une des prouesses de ce calibre est le poids extrêmement faible de la cage du Tourbillon (0,28 grammes) nécessitant ainsi moins d'énergie pour effectuer ses révolutions.
Grâce à son ergonomie, la montre est très confortable à porter. Sa taille et son épaisseur sont imposantes (44mm de diamètre). Malgré cela, elle se porte avec beaucoup de plaisir grâce à un bon positionnement sur le poignet.
Le Master Tourbillon m'avait un peu déçu par sa présentation que j'ai trouvée décevante et en décalage par rapport aux performances du calibre 978: lunette trop épaisse, chiffres trop petits, son cadran me semblait plutôt fade, voire indigne pour une montre à Tourbillon.
Ce n'est pas le cas avec l'Extrême Tourbillon: le Tourbillon se fond bien dans le cadran, l'épaisseur de la lunette n'est plus un problème ici mais un atout et le côté sportif corrige les défauts que j'avais personnellement ressentis dans le Master Tourbillon. L'Extreme Tourbillon me séduit donc par son côté plus racé et plus excessif et par son exécution sans faille.
La version or rose&titane que je vous présente est une série limitée de 150 exemplaires. Malheureusement Jaeger-Lecoultre a cru bon de sortir une autre série limitée (48 exemplaires) de cet Extreme Tourbillon pour l'hôtel Byblos à St Tropez avec un boîtier en platine&titane. Si nous comprenons bien le but de la manoeuvre, il est dommage que ce type de série limitée, plutôt anecdotique, desserve un peu au final l'image du produit dont la qualité est irréprochable.