Je dois l'avouer, je partais avec un a priori défavorable concernant cet Extreme Tourbillon. Tout d'abord, je ne suis pas un fan absolu du Master Tourbillon (malgré son intérêt technique indéniable). Ensuite, j'ai un peu de mal à concevoir un Tourbillon dans un autre contexte que celui d'une montre habillée. Mais, fait étrange, l'Extreme Tourbillon a fini par me séduire et je vais vous expliquer pourquoi.
Cela fait quelques années que se développe une tendance de l'horlogerie contemporaine: le tourbillon, pourtant symbole de raffinement, est utilisé dans des montres tout-terrain, dans des montres de sport, voire même dans des plongeuses afin de répondre à une demande croissante des clients qui souhaitent que cette complication prestigieuse puisse les accompagner au poignet tout le long de la journée et pas uniquement en costume. On se souvient de Carlos Dias qui avait initié ce mouvement avec l'Easy Diver Tourbillon.

Au premier coup d'oeil, aucun doute ne subsiste: nous sommes bien en présence de d'une montre de la gamme Master Compressor comme l'atteste la présence de la clé de compression. Cette clé a pour but de surcomprimer un des joints de la couronne pour améliorer la pérennité de l'étanchéité prévue à 100 mètres. Au-delà de sa fonction, la clé de compression contribue à donner un style très énergique à l'Extreme Tourbillon.

Nous retrouvons les deux caractéristiques de la Master Tourbillon à savoir l'affichage à 12 heures d'un second fuseau ainsi que celui de la date par aiguille, les quantièmes étant inscrits sur le rehaut de la lunette. Il est quand même important de revenir sur cet affichage particulier de la date qui constitue une vraie prouesse: afin d'éviter de cacher le Tourbillon, l'aiguille à l'issue du 15ième jour saute au dessus de l'ouverture du cadran pour se positionner de l'autre côté. Il aurait été dommage que le spectacle offert par la cage du Tourbillon soit gâché pendant quelques jours. Cet affichage astucieux rappelle que non seulement Jaeger-Lecoultre a développé un Tourbillon maison mais a aussi rajouté au calibre des fonctions utiles comme le second fuseau et cette date qui se règle indifféremment en avançant ou en reculant.

Ensuite, il comporte le système d'interchangeabilité du bracelet: grâce à deux bouton-poussoirs situés sur le fond du boîtier à 6 et 12 heures, les entrecornes sont déplacées, dégageant ainsi les barrettes de leurs logements. Un bon moyen d'éviter les griffures sur le boîtier!
Le calibre automatique 978 est ici caché par le fond plein. Nous retrouvons les mêmes performances que pour la Master Tourbillon à savoir une fréquence de 4hz et une réserve de marche de 48 heures. Une des prouesses de ce calibre est le poids extrêmement faible de la cage du Tourbillon (0,28 grammes) nécessitant ainsi moins d'énergie pour effectuer ses révolutions.

Le Master Tourbillon m'avait un peu déçu par sa présentation que j'ai trouvée décevante et en décalage par rapport aux performances du calibre 978: lunette trop épaisse, chiffres trop petits, son cadran me semblait plutôt fade, voire indigne pour une montre à Tourbillon.

La version or rose&titane que je vous présente est une série limitée de 150 exemplaires. Malheureusement Jaeger-Lecoultre a cru bon de sortir une autre série limitée (48 exemplaires) de cet Extreme Tourbillon pour l'hôtel Byblos à St Tropez avec un boîtier en platine&titane. Si nous comprenons bien le but de la manoeuvre, il est dommage que ce type de série limitée, plutôt anecdotique, desserve un peu au final l'image du produit dont la qualité est irréprochable.