Cette Portofino fait partie de la collection Vintage présentée en 2008 pour célébrer les 140 ans d'IWC à travers la réédition de 6 montres qui ont marqué l'histoire de la manufacture de Schaffhausen.
Le modèle d'origine n'est finalement pas si ancien que cela car créé au début des années 80 et produit, de façon confidentielle, jusqu'à la fin des années 90. L'originalité de cette montre provenait de l'utilisation d'un calibre de montre de poche ultraplat, le 9521 et de la présentation de son cadran, les deux registres (phases de lune et trotteuse) étant alignés horizontalement. Rare exemple de montre à indication des phases de lune sans quantième, cette Portofino séduisait par son intrigante beauté et je la considère comme une des plus belles IWC de tous les temps.
C'est la raison pour laquelle j'étais plus que ravi de découvrir la nouvelle interprétation de cette Portofino même si l'exercice s'avérait délicat.
Au premier coup d'oeil, un élément surprend: les registre sont cette fois-ci alignés verticalement. Après tout, pourquoi pas, la volonté d'IWC n'était pas de cloner les modèles d'origine. Mais cela provoque quand même une rupture de style significative par rapport à la montre originale. En revanche, les proportions sont relativement bien respectées: le diamètre du boîtier reste imposant (46mm) mais cela fait clairement partie "du cahier des charges" de la Portofino, la couronne se fait toujours aussi discrète et le verre a son bord arqué. La hauteur du boîtier est en revanche supérieure même si elle reste raisonnable (11mm).
La forme des aiguilles est également conservée même si, malheureusement, elles se sont épaissies sûrement dans un souci d'améliorer la visibilité. En effet, comme dans toute la collection Vintage, les modèles acier sont commercialisés avec un cadran noir, le cadran argenté étant réservé aux matériaux "nobles": or rose ou platine. De fait, le contraste entre les aiguilles et le cadran n'est pas optimal et leur épaississement dans ce contexte est bienvenu.
Côté calibre, même si on regrette le calibre de montre de poche d'origine, IWC a su choisir un calibre actuel correspondant bien à l'esprit de la montre: le 98800 qui est une déclinaison du mouvement utilisé sur la Jones, le 98290 et dont les performances (remontage manuel, fréquence de 2,5hz, réserve de marche de 46 heures) sont proches du calibre d'origine. A ce titre, IWC ne s'est pas trompé et la cohérence de la montre préservée. La finition de ce calibre est certes perfectible mais tout son intérêt et sa beauté proviennent de sa grande taille et de son architecture très traditionnelle. A ce titre, c'est un régal pour les yeux: il séduit par lui-même et non par ses décorations. De plus, le 98800 permet une meilleure précision de l'indicateur des phases de lune (un écart de un jour tous les 122 ans) et un réglage de cet indicateur par la couronne.
Le bilan est donc pour l'instant positif: relatif respect de l'esprit de la montre d'origine, calibre adapté, sérieux de la fabrication par IWC. C'est à l'usage que les choses se gâtent un peu et ce pour deux principales raisons.
La première, je l'ai déjà évoqué, c'est la lisibilité un peu délicate de cette montre. Du fait de la forme des aiguilles, elles ne tranchent pas suffisamment avec le cadran noir dans certaines conditions de lumière. Mais à la limite, ce n'est pas un problème rédhibitoire et qui de plus, n'existe pas avec les modèles en or rose ou platine. Ce qui m'a le plus gêné, c'est la taille de la couronne. Certes, c'est voulu pour respecter l'esprit de la Portofino originale. Malheureusement, le calibre 98800 nécessite un peu de force au remontage et mes doigts ayant du mal à tourner la couronne, j'avais ainsi toutes les peines du monde à remonter. Lorsqu'on achète une montre à remontage manuel, on doit se sentir confortable avec le remontage. Cela n'a pas été mon cas avec la Portofino et c'est avec regret que je l'ai constaté. Il s'agit bien évidemment d'un sentiment personnel mais c'est un point de vigilance que tout acquéreur potentiel doit avoir à l'esprit.
Au poignet, la montre se porte avec confort car malgré son diamètre, les cornes restent relativement courtes et la montre se positionne bien sur le poignet. La taille perçue est cependant très importante car l'ouverture du cadran est conséquente du fait de la finesse de la lunette.
La Portofino Phases de Lune m'a donc laissé un sentiment mitigé. Faisant partie de cette rare famille de montres à phases de lune sans quantième, elle possède d'indéniables qualités. Malheureusement, la lisibilité perfectible de la version acier et son remontage délicat viennent assombrir le tableau. Le modèle d'origine n'est donc pas éclipsé par sa réédition.
Merci à l'équipe de Hall of Time à Bruxelles.