Fugue: Fiction One

La deuxième fois fut la bonne: après une première campagne Kickstarter en septembre dernier qui ne fut pas couronnée de succès, Leopoldo Celi, le fondateur de Fugue, prit la décision de retenter sa chance avec des ajustements afin de rendre la proposition construite autour de la Fiction One plus attractive. Bien lui en a pris puisque cette seconde campagne atteignit sans problème l'objectif et à mi parcours, le taux de financement se situe à 113%.

Il aurait été regrettable que la Fiction One, la toute nouvelle création de Fugue n'atteignît pas l'objectif de financement car la montre mérite d'être produite. En effet, elle constitue une évolution intéressante de la marque qui sort de son créneau initial, celui de la montre modulaire et personnalisable. La Fiction One explore un autre univers bien qu'on puisse trouver de nombreux points communs avec la Chronostase. En fait, le lien qui existe entre ces deux montres est le thème de l'imagination. La Chronostase fait appel à notre imagination, à notre envie de manipuler et transformer  en quelques secondes cet objet du quotidien qu'est la montre avec lequel nous entretenons des relations si intimes et particulières.


La Fiction One sollicite également notre imagination mais dans une approche plus contemplative en réinterprétant un grand classique de l'horlogerie: les aiguilles mystérieuses. C'est d'ailleurs ce contexte créatif et imaginatif qui ont poussé Leopoldo Celi et ses collègues à définir une atmosphère littéraire autour de la Fiction One. Cette dimension n'est pas purement symbolique ou conceptuelle. Elle est bel et bien réelle et pratique puisque l'écrin de la montre est une boîte en forme de livre et qui peut se ranger simplement dans une bibliothèque. C'est peut-être anecdotique mais j'ai beaucoup aimé ce rangement simple, utile et surtout guère encombrant!

La montre n'est pas en reste. Elle reprend de la Chronostase la même fluidité des lignes du boîtier en acier avec notamment les cornes qui prolongent la carrure. Le boîtier a un diamètre de 38mm pour une dimension de cornes à cornes de 45mm. La montre a clairement la vocation d'être mixte que ce soit du fait de son gabarit ou de son esthétique, douce et consensuelle. Bien entendu, la carrure est ici mieux intégrée puisqu'elle n'est pas amovible. 

 

La spécificité de la Fiction One se situe sur le cadran grâce à la paire d'aiguilles mystérieuses ou flottantes. La réalisation est convaincante et même si l'astuce est connue (chaque aiguille est posée sur un disque transparent), le résultat fait son petit effet. Mais plus que la déconnexion entre les aiguilles et l'axe central, c'est le grand sentiment de quiétude qui prédomine. La Fiction One réussit dans son entreprise de vouloir créer une autre relation avec le temps. L'absence de trotteuse, le cadran épuré et le rendu visuel de ces aiguilles flottantes donnent l'impression que le temps s'écoule très lentement. C'est un atout dans une époque où tout va vite, où les moments de répit sont rares...

La Fiction One existe en deux versions: foncée ou claire, les deux partageant le concept de cadran fumé. J'ai eu l'occasion de porter le prototype de la version foncée pendant plusieurs jours. La montre ne manque pas de charme et joue la partition de la tranquillité. L'épaisseur du boîtier est de 10,38mm ce qui est un bon compromis. Une certaine hauteur de boîtier est requise pour loger les disques supplémentaires et pour donner un effet de profondeur sinon le concept aurait peu d'intérêt. Le cadran est construit en trois zones: la zone centrale est vierge afin de mettre en valeur les aiguilles mystérieuses luminescentes. La zone périphérique comporte les index ainsi que les noms de la marque et de la montre. Enfin, le rehaut intègre les points lumineux et les graduations toutes les 5 minutes afin de rendre la lecture du temps plus aisée. 


La qualité de l'exécution est prometteuse (je n'oublie pas que j'avais un prototype entre les mains) pour une montre dont la vocation sera d'être vendue à un prix de 695 euros. Elle l'est encore plus dans le contexte de la campagne Kickstarter car des montres sont toujours disponibles à un prix de lancement de 350 euros. Pour ce prix, elle offre un mouvement Sellita SW200 en grade élaboré visible à travers un fond transparent (et sans décoration spécifique si ce n'est le logo de la marque sur le verre), une étanchéité de 50 mètres, un verre saphir, un bracelet souple et confortable et un assemblage en France.

La campagne se termine dans une quinzaine de jours: il est donc toujours temps de se positionner sur une des propositions et de profiter de l'opportunité d'acquérir une montre à aiguilles mystérieuses à un prix attractif avec un mouvement répandu et pérenne. J'ai en tout cas pris du plaisir à la porter. Il ne s'agit pas d'un plaisir provoqué par un immense "wow". La montre n'est pas "tape à l'oeil", elle est discrète, simple et possède la petite touche d'originalité qui faut mouche. Elle est bien dans l'esprit voulue par l'équipe de Fugue. Elle offre un charme serein et est parfaite pour accompagner son/sa propriétaire dans une longue séance de lecture. Mais attention à ne pas laisser le temps filer... et c'est ce que rappelle la Fiction One à l'arrière du boîtier: "Time is the best killer". Comme quoi, on peut arborer un visage serein et rappeler quelques instants plus tard une cruelle vérité. 


La campagne Kickstarter de la Fugue Fiction One est accessible à travers ce lien:

https://www.kickstarter.com/projects/fuguewatches/fiction-one-mystery-dial-watch-by-fugue 

Les plus:

+ le concept des aiguilles mystérieuses à un prix attractif

+ la qualité des éléments constitutifs

+ le très astucieux écrin

Les moins:

- j'ai trouvé la couronne un peu difficile à manipuler sur le prototype

- l'absence de trotteuse peut troubler ceux qui recherchent un témoin de marche côté cadran