Les Geneva Watch Days ont fait beaucoup de bien

Tous les participants à l'événement furent unanimes: les Geneva Watch Days furent une réussite. Pour une simple et bonne raison: ils donnèrent l'opportunité de se retrouver. J'ai eu la chance de passer 4 jours à Genève la semaine passée et j'ai finalement retrouvé l'atmosphère des à-côtés du SIHH... sans le SIHH. Les à-côtés du SIHH, vous savez, les fameuses présentations du week-end qui se déroulent dans les hôtels de la ville, à la lumière du jour et bien loin de l'endroit clos aseptisé de Palexpo... eh bien les Geneva Watch Days m'ont procuré la sensation de revivre cet enchaînement de rendez-vous entre l'hôtel de la Paix, l'hôtel Beau-Rivage, l'hôtel des Bergues, les boutiques dans lesquels les marques nous accueillent dans des suites configurées pour l'occasion.

Les conférences zoom, les live Instagram étaient devenus la norme pendant le confinement et apparaissaient même comme une préfiguration de ce que seraient les futurs formats des présentations des nouveautés. On avait vraiment l'impression que les key-notes allaient être la planche de salut de l'horlogerie. Oui, évidemment, ces derniers mois ont accéléré la digitalisation de l'industrie. Mais cela ne suffira pas. L'horlogerie reste avant tout un secteur d'activité de produits: rien ne remplace l'expérience de découvrir à la lumière du jour un cadran, de mettre la montre au poignet, de jouer avec, d'activer les poussoirs, de vivre avec ne serait-ce que quelques instants...

Tout un symbole: le soleil brillait lors des premiers jours...


Les Geneva Watch Days m'ont permis tout simplement de véritablement appréhender les nouveautés dont certaines dataient d'il y a plusieurs mois. Mais oui: tant que je ne les avais pas vues "dans la réalité", je n'avais pas l'impression de les connaître. Et ce ne sont pas les photos, les vidéos, les discours enregistrés ou en live qui allaient remplacer le simple fait de voir et toucher ces montres. Et puis, il n'y avait pas que du retard à rattraper: les marques participantes ont saisi l'occasion pour dévoiler de toutes nouvelles pièces dont certaines ont des portées stratégiques: Bulgari avec la collection Aluminium, Breitling avec l'Endurance Pro, Girard-Perregaux avec la Free Bridge, toutes ces pièces sont loin d'être anecdotiques et constituent un vecteur important de croissance pour ces marques dans les prochains mois, tout du moins l'espèrent-elles.

Les Geneva Watch Days célébrèrent la joie des retrouvailles:


Mais au-delà des montres, les Geneva Watch Days constituèrent un événement important pour des raisons que je qualifierais de psychologique. Ils furent excellents pour le moral. Ils démontrèrent qu'il est possible d'organiser des rencontres physiques dans un contexte sanitaire délicat. Et cette démonstration était importante car il va bien falloir s'habituer à vivre avec le virus, les masques et le gel pendant un certain temps. Ensuite ils permirent de nouveau les échanges. Je vais prendre un exemple très simple: chaque marque me demandait si j'avais vu des pièces intéressantes chez ses confrères. Cette question, que tout le monde posait ou recevait habituellement pendant le SIHH ou à Bâle, rappelle que le principal intérêt de ces salons est de permettre les échanges, les discussions, les partages d'opinion et d'expérience. Sans de tels échanges, une industrie stagne, ne respire plus. Enfin, il était extrêmement revigorant de constater que les marques avaient décidé de combattre la morosité en étant actives, en proposant des projets et en démontrant qu'elles avaient des feuilles de route. Chez les "gros" comme Breitling, Bulgari ou le pôle horloger de Kering. Mais chez les indépendants aussi et les marques de taille plus modeste. Comme on le dit toujours, c'est dans la difficulté que les talents se révèlent. Rien que le fait de constater que l'ambition demeure intacte a remonté le moral des visiteurs des Geneva Watch Days.

Des marques comme Louis Moinet firent preuve de beaucoup de créativité et d'imagination dans l'accueil de ses visiteurs:  


Car c'est bien de cela dont il s'agit: la situation actuelle de l'horlogerie est très difficile pour ne pas dire plus. Et ce ne sont pas les rebonds récents qui s'apparentent plus à du rattrapage qu'à une dynamique pérenne qui vont effacer les tendances observées depuis de nombreux mois et accentuées par le confinement et la crise sanitaire. Il est alors facile de tomber dans la sinistrose et d'adopter des stratégies de repli ou d'extrême prudence. Or ce n'est pas ce que j'ai vu à Genève. J'ai vu des équipes avec des idées, des projets, de la volonté d'aller de l'avant. Et surtout: avec en tête la prise en compte de certaines réalités de marché.

Les goodies n'étaient pas forcément les plus funs mais au moins ils étaient utiles! 

Je suis donc reparti de Genève avec le constat qu'au moins le secteur ne fonçait pas dans le mur en klaxonnant mais qu'au contraire il oeuvrait pour rebondir. Certes, ce ne sera pas un long fleuve tranquille. Mais il n'y a pas de fatalité. C'est la raison pour laquelle j'ai envie de remercier Jean-Christophe Babin qui a su créer le contexte favorable à cette organisation soutenue par la puissance de feu de Bulgari, les autres marques qui se sont associées à l'événement et qui lui ont donné une ampleur supplémentaire et tous les participants pour le plaisir de se retrouver tous ensemble. Sur le quai de la gare de Genève en attendant le train pour Paris, j'ai vraiment eu le sentiment d'avoir vécu un alignement de planètes. L'événement avait débuté avec des rumeurs sur la fermeture des frontières entre la Suisse et la France. Puis tout s'est très bien passé. Et franchement, qui peut affirmer que les futurs salons du printemps prochains se dérouleront sans encombre? Alors oui, les Geneva Watch Days ont été une respiration et ont fait beaucoup de bien au moral. J'ai même la conviction qu'ils dessinent le contour de ce que seront les futurs salons physiques: plus petits, plus modestes, plus locaux mais aussi plus chaleureux, plus décontractés, plus ouverts vers le public. En d'autres termes des salons plus en phase avec les contextes économiques et les aspirations de la clientèle.

J'aurai l'occasion  de revenir lors des prochaines semaines sur les principales montres des Geneva Watch Days.