IWC: Portugieser Automatic 40 acier

IWC a été très actif lors de l'édition d'avril de Watches&Wonders en présentant une gamme très large de nouveautés dans la collection Portugieser. Parmi ces nouveautés, la pièce la plus importante est  assurément la Portugieser Automatic 40 car elle joue un rôle stratégique pour la marque. Elle permet en effet à IWC de répondre à plusieurs enjeux:

  • elle complète intelligemment la collection Portugieser en étant une montre trois aiguilles crédible
  • elle contribue à l'ambition d'utiliser des mouvements de manufacture,
  • le prix de la version acier et son esthétique classique doivent aider la marque à se repositionner sur les marchés matures qui pouvaient donner l'impression d'être délaissés, notamment à cause de l'augmentation des prix et de certains designs plus ostentatoires.

La Portugieser Automatic 40 ne souffre à vrai dire d'aucune critique majeure. Elle est simple, élégante, équilibrée et surtout elle reprend efficacement les codes de la collection Portugieser. Pour une montre trois aiguilles, elle est donc plutôt grande avec son diamètre de 40,4mm (dont les dimensions sont accentuées par l'ouverture du cadran) et un peu épaisse (12,3mm) mais cela n'est nullement gênant, bien au contraire. Je trouve cette taille conforme avec l'esprit de la collection. De plus, et c'est l'excellente nouvelle, le cadran est très harmonieux. Le secteur de la trotteuse est parfaitement placé et ne se retrouve pas proche du centre comme c'est très souvent le cas avec des montres trop grandes pour leurs mouvements.


La finition du cadran est irréprochable et j'aime beaucoup le relief apporté par les chiffres et les index des heures. Le style Portugieser se manifeste également avec les aiguilles feuille et le chemin de fer périphérique et la recette fonctionne toujours autant. En revanche, j'aurais aimé que le nom de la marque soit inscrit comme sur le cadran de la Portugieser Jubilé. Cela lui aurait donné encore plus de charme. Je trouve la typographie utilisée trop contemporaine et cela contraste un peu avec le charme suranné de la montre. Mais visiblement, IWC est toujours dans la culture du "One brand, one logo".

Le boîtier ne possède aucune originalité mais il est fini de façon très soignée avec de jolies alternances entre la carrure satinée et les cornes polies. Les cornes sont bien dessinées, leurs courbes donnant de la fluidité à une montre relativement épaisse et maîtrisant la taille perçue.


Du point de vue purement esthétique, la Portugieser Automatic 40 n'est guère surprenante. Elle pourrait même être considérée comme trop consensuelle. Mais heureusement son équilibre, sa qualité d'exécution et son charme, que je qualifierais de naturel, font mouche. Au fond de moi cependant, j'aurais aimé un soupçon d'audace supplémentaire telle que la signature de la marque déjà évoquée.

Trois versions de la Portugieser Automatic 40 sont disponibles avec un boîtier acier. Deux avec un cadran argenté et une avec un cadran bleu. J'ai eu l'opportunité de voir les trois et sans hésitation c'est le cadran argenté avec les chiffres et aiguilles dorés que je préfère. C'est la configuration la plus raffinée.  Peut-être plus classique, plus conventionnel, elle m'apparaît plus indiquée dans ce contexte. Celle avec les chiffres bleus définit un style plus décontracté et polyvalent. Le cadran bleu donne un aspect plus contemporain et diminue la taille perçue.

Le calibre 82200, ici dans la version en or rose, occupe généreusement le boîtier:


Le mouvement qui anime tous les modèles est le calibre automatique de manufacture 82200. Il est tout d'abord très agréable à regarder. Non pas du fait de sa finition qui est certes soignée mais sans détail véritablement spectaculaire. Son rendu reste au final "industriel" sans que cela soit un véritable reproche. Ce qui me plaît beaucoup plus est son architecture, sa taille et ses effets de profondeur. Il donne l'impression de bien occuper le boîtier et d'être puissant. Et heureusement, les performances sont au rendez-vous avec une réserve de marche consistante (60 heures) pour une fréquence de 4hz et une bonne efficacité au remontage grâce au système Pellaton. Il est toutefois important de signaler que le rendu contemporain du mouvement contraste avec l'esthétique classique du cadran.


La Portugieser Automatic 40 est vendue à un prix de 7.150 euros TTC dans ses trois versions en acier. L'écart de prix est finalement assez faible par rapport au chronographe vendu à un prix de 7.850 euros TTC et qui embarque lui aussi dorénavant un mouvement maison. Il n'en demeure pas moins que je trouve la Portugieser Automatic 40 séduisante pour une montre trois aiguilles en provenance d'une maison réputée. Dépourvue d'originalité, la Portugieser Automatic 40 offre au contraire un style classique et intemporel. Elle attirera donc les clients à la recherche d'une montre élégante, bien faite et sans aspérité. Elle peut donc être considérée comme une excellente montre de base. J'en viens même à me demander pourquoi cette pièce n'a rejoint la collection permanente d'IWC qu'en avril 2020. Cette erreur est réparée et je suis sûr que la Portugieser Automatic 40 va être un succès commercial.

Les plus:

+ une réalisation certes sans surprise mais sans faille

+ les performances du mouvement

+ une esthétique harmonieuse et équilibrée

Les moins:

- il manque la petite étincelle 

- j'aurais aimé une finition décorative du mouvement plus élaborée