Un séjour à Rome avec la Bulgari Octo Finissimo Titane Squelette Cadran Bleu

La collection Octo Finissimo symbolise l'ambition horlogère de Bulgari. Elle offre non seulement une esthétique caractéristique et reconnaissable mais également un contenu horloger solide et innovant récompensé par plusieurs records de finesse. Bulgari est ainsi devenu un concurrent crédible de la manufacture de référence sur ce domaine, Piaget. Cette volonté de s'affirmer comme un acteur majeur dans le segment des montres extra-plates n'est pas une lubie d'ingénieurs. Elle répond avant tout à une approche stylistique qui vise à faire évoluer le boîtier Octo de façon élégante et raffinée. Bulgari n'allait tout de même pas oublier ses racines et le pays du style et du design demeure avant tout l'Italie!


Ces dernières années, la division horlogère de Bulgari a accéléré l'intégration verticale des différents coeurs de métier y compris la fabrication des cadrans et des boîtiers afin de gagner en indépendance industrielle. Cette indépendance a permis d'élever l'ambition technique et esthétique puisque Bulgari ne souhaitait pas limiter l'Octo Finissimo à une simple montre trois aiguilles. Lorsque j'examine la collection en 2018, le point qui m'impressionne le plus est le chemin parcouru qui débouche sur une gamme complète de complications dont certaines sont très délicates à aborder dans un contexte extra-plat. L'Octo Finissimo, c'est certes la montre automatique trois aiguilles à petite seconde décentrée mais c'est également une montre tourbillon à remontage manuel, une montre tourbillon automatique (de moins de 4mm d'épaisseur), une montre répétition minutes (de moins de 7mm d'épaisseur)... et une montre squelette à remontage manuel.


Cette montre squelette fut pour la première fois présentée en 2016. A l'époque je fus séduit par son esthétique audacieuse et cohérente, l'architecture du mouvement combinant à merveille avec le rendu géométrique du boîtier. Mais c'est lors de la dernière édition de Baselworld il y a quelques mois que je découvris ma version préférée en titane et cadran bleu. Il ne m'en fallait pas plus pour demander à Bulgari de me prêter le prototype pour pouvoir la tester lors de mes traditionnelles vacances romaines. Je tiens d'ailleurs à remercier chaleureusement l'équipe Bulgari France d'avoir répondu favorablement à ma demande. Je ne pouvais pas rater une telle opportunité: la montre effectuerait ainsi un retour aux sources, là où l'histoire de Bulgari débuta, dans cette ville qui inspire chaque jour la marque et dont l'influence se ressent dans de multiples détails au sein de la collection... Il ne faut pas se tromper: si le centre névralgique du pôle horloger de Bulgari se situe à Neuchâtel, Bulgari reste en premier lieu plus qu'une marque italienne: une marque romaine. D'ailleurs, la forme du boîtier n'est-elle pas inspirée par les caissons octogonaux de la Basilique de Maxence?

L'arrière du mouvement est encore plus spectaculaire que côté cadran:


L'Octo Finissimo Titane Squelette cadran bleu est une évolution esthétique des modèles qui l'ont précédée depuis 2 ans. Ses caractéristiques mécaniques sont donc similaires du fait de l'utilisation du mouvement BVL 128SK et son gabarit reste le même avec un diamètre de 40mm et une épaisseur de 5,35mm. Pourtant, cette version à cadran bleu dégage sa propre personnalité. Le bleu est ma couleur préférée, le bleu est très tendance dans l'horlogerie mais fort heureusement, cette montre n'est pas écrasée par cette couleur. La couleur qui domine reste le gris. Je devrais plutôt parler de nuances de gris puisque le rendu du boîtier en titane brossé, tout simplement somptueux, n'est pas le même que celui des ponts et de la platine du mouvement qui sont noircis (je dirais plutôt assombris) et finis avec un brossage circulaire.

Lorsque la montre est baignée par la lumière du soleil couchant, le résultat devient encore plus envoûtant: 


Le rendu chromatique général est ainsi très harmonieux, très doux et les touches de bleu s'y intègrent avec délicatesse. Les éléments mobiles du mouvement comme le balancier restent perceptibles sans altérer cette atmosphère raffinée. Je touche ici d'ailleurs un point fort de la montre: compte tenu de la densité du mouvement, les effets de transparence restent limités et une fois mise au poignet, les poils restent bien cachés. Le style distingué est ainsi préservé!

Au-delà du bracelet en alligator bleu, le bleu se manifeste au niveau de la minuterie périphérique, des graduations de la trotteuse et de la réserve de marche et des aiguilles. Cela reste donc discret mais bien présent.

Un concentré d'Italie!


En ayant l'opportunité de porter l'Octo Finissimo Squelette pendant trois semaines, j'ai pu apprécier et appréhender toute la complexité de sa construction. Le boîtier tout d'abord présente un design surprenant pour une montre extra-plate. J'ai même du mal à croire que cette épaisseur de 5,35mm regroupe tant de niveaux, de décrochages, d'effets de relief. Et pourtant, rien que l'observation de la lunette témoigne du soin apporté au boîtier: la partie ronde est posée sur une base intermédiaire qui esquisse la forme octogonale de la partie principale. C'est le principal atout de la montre: à aucun moment je n'ai eu l'impression de porter une pièce de monnaie voire un oeuf sur le plat. La montre est fine mais elle est subtile. Le diamètre de 40mm est dans ce contexte idéal car il permet d'offrir une taille suffisante pour profiter du cadran squeletté sans que la montre ne soit disproportionnée compte tenu de sa faible épaisseur. Les cornes courtes et très incurvées offrent un excellent maintien de l'Octo Finissimo Squelette et réduisent la perception de la taille.

Face à la véritable star de Rome, la Fiat 500:


Le rendu du titane brossé est très agréable, y compris au toucher. Il contribue à donner une dimension sobre à la montre qui ne brillait pas de mille feux y compris sous le soleil romain. De plus, cette sobriété est bienvenue pour mettre en valeur le mouvement squelette.

Le calibre BVL 128SK est donc la pièce maîtresse de l'Octo Finissimo Titane Squelette.  Ce calibre est une prouesse technique car sa faible épaisseur (2,35mm) est obtenue dans le contexte d'un calibre squelette. Cela suppose que Bulgari a travaillé sur la rigidité et la solidité de la structure. Le résultat est très convainquant puisque je n'ai pas eu le sentiment d'utiliser un mouvement fragile y compris lors du remontage.

Piazza di Spagna, tôt le matin:


Et l'après-midi. La densité de la population n'est plus la même!


Le remontage est un des moments privilégiés avec cette montre: en tournant la couronne, les pièces liées au remontage s'animent et l'Octo Finissimo offre alors un joli spectacle. Le remontage est agréable mais plutôt ferme. Il faut préciser aussi que le barillet est relativement imposant pour offrir une réserve de marche de 65 heures pour une fréquence de 4hz. J'ai privilégié le remontage quotidien même si la réserve de marche était suffisante pour un remontage tous les deux jours. L'indicateur de réserve de marche, à gauche du cadran est donc utile compte tenu de cette durée de 65 heures.

La louve veille sur Rome:


La présentation du mouvement est organisée comme une étoile côté cadran et est joliment exécuté. Il s'agit évidemment d'un squelettage industriel (les pièces sont usinées telles quelles) mais la réalisation est soignée. Le rendu est contemporain et mis en valeur par la finition noircie des ponts et platine et le brossage circulaire. Ce dernier donne de jolis reflets de lumières et il m'a procuré beaucoup de plaisir. L'avantage de l'esthétique de ce squelettage est d'être cohérent avec la forme du boîtier car donnant une dimension homogène à la pièce. De plus, les pièces mobiles restent visibles sans toutefois offrir des ouvertures trop importantes.

Promenade le long du Tibre:


L'arrière du mouvement est plus aéré du fait de l'absence de la minuterie périphérique présente côté cadran et des ouvertures plus prononcées. L'exécution est du même niveau et l'ensemble respire la qualité.

Après avoir examiné la montre sous toutes ses coutures, il était temps pour moi de la mettre au poignet et d'en profiter dans les ruelles de Rome. Rien ne remplace le test au porter. Il y a la froide analyse d'un côté et le véritable ressenti de l'autre. Dire que la montre fait 5,35mm d'épaisseur, c'est bien. Mais exprimer que cette finesse est au service du style et du confort, c'est mieux. Le risque avec une montre extra-plate est d'être trop discrète, presque timide en disparaissant sous la manche d'une chemise. La Bulgari Octo Finissimo Squelette n'a pas ce problème: cette montre est belle et elle a du punch et du caractère. J'ai déjà évoqué les effets de volume surprenants pour une telle hauteur de boîtier. Mais le design attire les regards et il se dégage de la montre beaucoup de dynamisme et d'audace sans perdre ni élégance ni raffinement.

Le retour aux sources! L'Octo Finissimo devant la boutique historique de Bulgari, Via Condotti.


De plus, la montre est légère (son poids avoisine les 60 grammes) et comme le bracelet en cuir entoure efficacement le poignet du fait de la façon avec laquelle il est relié au boîtier, le confort et le plaisir au porter sont au rendez-vous. Mais la montre ne s'oublie pas! J'ai toujours continué, malgré sa légèreté et sa finesse, à ressentir le boîtier ce qui est d'ailleurs un excellent point.

Le Panthéon, un des chefs d'oeuvre architecturaux de Rome:


J'ai constamment mis en perspective le design abouti et efficace de l'Octo Finissimo avec le charme et la perfection des monuments romains dont certains comme le Panthéon relève du miracle architectural. Il y a incontestablement une âme romaine dans cette montre. Au-delà de l'inspiration des caissons octogonaux, je retrouve cette rigueur dans le dessin, ce mélange entre cercles et lignes droites et l'adaptation entre la forme et la fonction.

Le Colisée, un des monuments les plus célèbres de la ville éternelle:


Alors, l'Octo Finissimo Squelette serait-elle une montre idéale? Je ne suis pas loin de le penser du point de vue esthétique. Du point de vue pratique, elle souffre cependant d'un problème amplifié dans la version à cadran bleu: celui de la lisibilité. Compte tenu du mouvement squelette, les aiguilles ont été affinées et évidées. Or, selon les conditions de lumières et notamment en cas de baisse d'intensité ou de fort éclairage, les aiguilles disparaissent totalement dans le mouvement. C'est finalement le paradoxe: la montre m'est apparue plus lisible à Paris sous un ciel plus nuageux qu'à Rome! Quant à l'aiguille de l'indicateur de réserve de marche, je n'arrivais pas à la lire sauf à mettre mes lunettes lors du remontage (ce détail est moins sensible). Dommage car la version bleue n'était pas loin du sans faute. 

Le fameux Cappuccino de la Via Giulia:

 

Je me permets de souligner ce problème car il ne m'avait pas paru aussi sensible avec d'autres versions comme celle à lunette et aiguilles en or rose que j'avais trouvé suffisamment lisible. Pensez donc à bien vérifier si le contraste entre les aiguilles et le mouvement vous convient lorsque vous choisirez la version de l'Octo Finissimo Squelette.

L'autre souci que j'ai remarqué après trois semaines d'utilisation concerne le bracelet. Il était très marqué au niveau de la boucle ardillon. La forme imposée par le boîtier a peut-être tendance à l'user prématurément. En revanche, j'ai beaucoup aimé sa couleur et son rendu visuel qui se mariaient parfaitement avec la montre.

Sur la plus célèbre colline de Rome, le Capitole:


A l'issue du test, je me retrouvais donc dans une situation particulière. Tout d'abord, il a confirmé tout le bien que je pensais de l'approche esthétique et créative de la collection Octo Finissimo. Le boîtier est un véritable chef d'oeuvre, combinant style, caractère et confort. Le mouvement squelette est abouti et cohérent avec ce même boîtier. Mais le test a également soulevé une interrogation. Du point de vue esthétique, la version à cadran bleu est ma préférée sans aucun doute. Mais sa lisibilité perfectible m'a refroidi et m'oriente plus vers la version à lunette en or rose, beaucoup plus convaincante sur ce point. Il serait peut-être pertinent de la part de Bulgari de tester une autre paire d'aiguilles, par exemple avec du superluminova à la place des zones évidées pour renforcer le contraste avec le mouvement.

Piazza Navona  à six heures du matin avant l'envahissement par les touristes:



Quoi qu'il en soit, quel plaisir ce fut pour moi de déambuler dans Rome avec une montre émanant d'une des marques qui symbolisent le mieux la ville éternelle. Rome antique, Rome chrétienne, Rome baroque ou Rome contemporaine, dans chaque cas, l'Octo Finissimo Squelette s'est révélée comme une compagne de promenade distinguée et stylée. Elle participa grandement à la réussite de mon séjour tout en me rappelant comment Bulgari avait su bâtir ces dernières années une gamme respectée dans le monde horloger. Lorsque esthétique et intérêt mécanique se rejoignent, il n'y a aucune raison de ne pas être séduit.

J'ai bien évidemment fait mes deux voeux traditionnels à la Fontana di Trevi... peut-être ai-je souhaité qu'une Octo Finissimo rejoigne ma collection?


Merci à l'équipe Bulgari France.

Les plus:
+ une réussite esthétique
+ la construction du boîtier, un véritable chef d'oeuvre de subtilité
+ la cohérence du squelettage avec le boîtier
+ la réserve de marche de 65 heures
+ le confort au porter

Les moins:
- la lisibilité
- le bracelet est très rapidement marqué au niveau de la boucle