Urwerk: EMC Pistol

Présentée en 2013, l’EMC (Electro Mechanical Control) marqua une étape décisive dans le développement d’Urwerk. Se distinguant par son module électronique permettant de contrôler la précision grâce à un capteur optique alimenté par un générateur se rechargeant manuellement, l’EMC met en scène deux concepts chers à Felix Baumgartner : l’interaction entre la montre et son propriétaire et la capacité qu’a le module électronique à se mettre au service d’un mouvement traditionnel, purement mécanique, afin d’en améliorer les performances.


En effet, l’affichage des écarts de précision, occupant toute la zone supérieure gauche du cadran, en est son principal indicateur apportant ainsi la preuve de la finalité première de la montre qui est avant tout orientée vers cette ambition chronométrique. La vis située à l’arrière du boîtier permet ainsi, grâce à un tournevis, de régler l’organe réglant et donc de tenir compte de l’affichage des écarts pour améliorer la précision de marche. La fonction additionnelle n’est donc pas un simple gadget car possédant une véritable dimension pratique. 


Au-delà du développement du premier mouvement maison d’Urwerk (le balancier est par exemple fabriqué en interne), Felix Baumgartner consacra une grande partie du temps de développement à la miniaturisation des composants du module électronique afin de les loger dans un boîtier de taille acceptable. Ainsi, si l’EMC peut sembler imposante (43x51mm pour une épaisseur de 15,8mm), elle n’en demeure pas moins portable, voire même élancée grâce au travail de design extrêmement abouti réalisé par Martin Frei. La façon par exemple dont la manivelle de recharge du générateur s’intègre dans le boîtier est un modèle du genre.

L’EMC tire maintenant sa référence avec une série limitée de 5 pièces à la fois surprenante et déroutante : l’EMC Pistol. Cela ne veut pas dire que le concept propre à l’EMC ne sera plus utilisé par Urwerk. Il faut au contraire voir cette montre comme la fondatrice d’une lignée qui se développera à l’avenir. Dans l’immédiat, l’EMC se transforme esthétiquement parlant grâce au travail de Fabian Güllert, un artisan autrichien spécialiste en gravure d’armes à feu. Le style décoratif ainsi appliqué rappelle incontestablement celui des fusils et autres armes de poing et c’est dans ce contexte que le boîtier en acier, caractéristique de l’EMC, joue tout son rôle.

Le mouvement caractéristique de l'EMC:


Grâce à sa taille, ses angles, ses surfaces, il se prête parfaitement à cet embellissement et permet à Florian Güllert d’exercer tout son talent avec minutie et précision… en cohérence donc avec la principale complication de la montre. S’il existe une cohérence d’esprit entre le travail du graveur et l’ambition de Felix Baumgartner et de Martin Frei, il n’en demeure pas moins que l’EMC Pistol surprend par les effets de contraste qu’elle propose.

Le premier contraste est évidemment stylistique, entre l’ornement classique défini par Florian Güllert et le design contemporain de l’EMC. Cependant, une fois l’effet de surprise passé, l’ensemble apparaît harmonieux et l’intégration des éléments non gravés de la carrure du boîtier (comme la couronne par exemple) est réussie.

Steampunk, baroque ou gothique? Quel adjectif décrit le mieux l'EMC Pistol?


Le second contraste qui se manifeste est celui entre les parties gravées et la zone supérieure englobant affichages qui demeure lisse et satinée. Il met en valeur la qualité du travail de Florian Güllert et surtout il évite à la montre, au rendu très baroque, de tomber dans le piège de la sur-décoration et du rococo. Les effets de lumière deviennent saisissants et j’ai beaucoup apprécié les différentes façons avec lesquelles ces parties évoluent selon les conditions d’éclairage. Les détails deviennent plus ou moins perceptibles pour les parties gravées, la partie lisse passe d’un aspect très clair à un rendu beaucoup plus sombre en un clin d’œil.

L’EMC Pistol ne se caractérise pas seulement par la gravure du boîtier mais également par son bracelet. En provenance de l’atelier de Joséphine Morf, il se distingue par son aspect double-corné et tri-dimensionel. Les sensations visuelles et tactiles qu’il provoque rappellent évidemment celles de la gravure. Réalisé avec minutie et grand soin, il devient le parfait complément de l’EMC Pistol qui se transforme presque en objet gothique au poignet ! 


En la mettant au poignet, l’EMC Pistol m’a fait penser à plusieurs références artistiques grâce aux multiples atmosphères qu’elle dégage. Son originalité fait même oublier sa taille et surtout transforme complètement la montre d’origine, pourtant si particulière. C’est ici que réside la principale réussite de l’EMC Pistol : elle crée sa propre identité et chacun d’entre nous pourra y trouver, selon notre propre sensibilité, l’influence esthétique dominante qui a guidé à sa création.

Les plus :
+ l’intérêt technique de base de l’EMC
+ la transformation esthétique de la montre
+ la qualité du travail effectué par Florian Güllert
+ le bracelet qui complète parfaitement le design

Les moins :
- Un gabarit qui demeure imposant