Audemars Piguet: Chronographe Royal Oak Edition Limitée Italie 26326ST

Le SIHH 2015 réserva aux amateurs d'Audemars Piguet une petite surprise qui resta fort discrète jusqu'à sa présentation officielle plusieurs mois plus tard: la sortie de deux séries limitées du Chronographe Royal Oak qui ne se distinguent que par leurs jeux de couleurs différents et par les matériaux du boîtier.

La première série limitée de 200 exemplaires met en scène des nuances de gris (si on peut dire!) avec un boîtier en titane et célèbre la 17ième course hippique Audemars Piguet Queen Elizabeth II Cup à Hong Kong. La seconde, éditée en 500 exemplaires, utilise en revanche, autour d'un boîtier en acier, la couleur favorite de nos voisins transalpins pour fêter l'exposition universelle de Milan et rendre hommage de façon plus générale à un pays amoureux des Royal Oak: l'Italie.


La référence à l'Italie se retrouve en divers endroits. Au-delà du bleu de la zone périphérique et des sous-cadrans, les couleurs du drapeau italien sont très discrètement apposées sur les marqueurs des 10 minutes du compteur des minutes du chronographe. A peine perceptibles lorsque la montre est portée, ces petites touches sont cependant très agréables car elles permettent de rappeler l'élément de contexte sans la faire tomber dans le piège du folklore. L'élégance est donc préservée! Les couleurs du drapeau sont également utilisées pour décorer l'écrin qui bien entendu se pare intégralement de bleu.

Je dois avouer que je n'ai jamais été un grand admirateur de la référence 26320ST qui sert de base à cette série limitée. Avec son diamètre de 41mm, je l'ai toujours trouvée un peu grande pour être véritablement raffinée et surtout le positionnement du guichet de date trahit le diamètre réduit (26,2mm) du mouvement AP 2385 qui l'anime. 15mm entre le diamètre du mouvement et celui du boîtier, c'est beaucoup et ce qui semblait équilibré avec le boîtier précédent de 39mm de la référence 25860ST l'est beaucoup moins ici.


Et puis, quelques détails transforment comme par magie ce problème en atout. L'élément le plus important est assurément la zone périphérique colorée. Si je mets de côté son intérêt esthétique et le rappel qu'elle crée avec les sous-cadrans, elle joue un rôle important dans le retour à l'équilibre des proportions. La zone centrale du cadran demeurant en blanc, le guichet de date apparaît dorénavant plus proche de la lunette. L'ouverture du cadran se réduit et ce dernier gagne immédiatement en harmonie. Les dimensions du boîtier, dans ce contexte, n'apparaissent plus comme une contrainte mais au contraire comme une aubaine. Avec un ratio diamètre (41mm) sur épaisseur (11mm) relativement élevé, ce Chronographe Royal Oak apparaît comme élancé puisque la taille perçue est réduite par rapport à la référence 26320ST, pourtant d'un gabarit analogue. Il suffit parfois d'une petite évolution pour que la perception globale d'une montre change radicalement et cette édition limitée en est une nouvelle démonstration.


L'incontournable mouvement AP 2385 reprend sans surprise du service et je dois avouer que c'est un vrai plaisir pour moi. Bien évidemment, je préférerais qu'Audemars Piguet utilise un mouvement de manufacture pour animer ses chronographes automatiques mais mon coeur balance  nettement en faveur d'un calibre intégré et à roue à colonne comme l'est ce Frédéric Piguet 1185 par rapport à la  structure modulaire (AP 3120 + module Dubois Depraz) des Royal Oak Offshore. Sa finesse, son confort à l'usage le rendent particulièrement adapté à cette montre. Sa fréquence est de 3hz et sa réserve de marche d'une quarantaine d'heures est un peu courte selon les standards actuels. Mais rien de bien grave puisqu'il présente une excellente efficacité au remontage.

Le fond du boîtier plein comporte une seule petite originalité: l'inscription "Limited Edition" et son numéro. J'aurais apprécié un effort décoratif supérieur sur ce fond afin que la série limitée se distingue plus nettement encore de la montre de la collection permanente. Même si la partie centrale du fond est toujours aussi jolie, une gravure ou tout autre élément distinctif auraient été bienvenus. 


Heureusement, le bracelet en caoutchouc bleu demeure une véritable particularité dans l'univers des Chronographes Royal Oak puisque cette montre, ainsi que la Queen Elizabeth II Cup sont les premières à utiliser un tel matériau depuis la série limitée City of Sails. Un bracelet Alligator bleu est également fourni dans le set. J'aime beaucoup ce bracelet caoutchouc car il est très agréable à porter. Au départ, il donne une impression étrange puisque le poids de la montre semble presque entièrement concentré dans le boîtier. Mais cette sensation disparaît une fois mise au poignet. En revanche, la boucle déployante ne m'a pas laissé la même impression. Se positionnant mal sur le poignet, j'avais deux solutions: soit la retourner mais auquel cas le bracelet ressortait vers l'avant soit utiliser une boucle ardillon. J'ai opté pour la boucle ardillon car cela demeure la solution la plus confortable pour mon poignet. Le changement valait la peine car l'édition limitée Italie possède un charme incomparable. Ces touches de bleu, ces effets de contraste entre les sous-cadrans et le motif "Grande Tapisserie", le style élancé de l'ensemble sont un régal pour les yeux. Alors, même si j'aurais aimé un peu plus d'audace dans le traitement du fond du boîtier, je considère cette série limitée comme une réussite. Raffinée, élégante avec une petite touche sportive due à son bracelet caoutchouc, elle est digne d'une création italienne!


Les plus:
+ la finition du cadran et ses touches de bleu
+ la zone périphérique en bleu qui rééquilibre le cadran
+ la taille du boîtier donnant un style très élancé
+ le confort du bracelet caoutchouc
+ l'écrin est une fois n'est pas coutume très réussi

Les moins:
- j'aurais apprécié plus d'audace dans le traitement du fond du boîtier
- la réserve de marche un peu courte
- la boucle déployante n'est pas des plus confortables