Lange & Söhne: Datograph Perpetual Or Gris (2015)

Le retour du Datograph Perpetual en or gris au sein de la collection permanente de Lange & Söhne ne peut pas être considéré comme un événement majeur: la montre qui fut présentée lors du SIHH 2015 est quasiment la même que celle qui a quitté le catalogue il y a quelques années. Mais ce retour fait bigrement plaisir car je considère ce Datograph comme une des plus belles Lange. Il rappelle également que jusqu'à l'arrivée de la 1815 Rattrapante, le Datograph Perpetual fut l'unique démonstration de l'approche par la manufacture saxonne d'une des plus prestigieuses combinaisons de complications: le chronographe à quantième perpétuel.


Tirant profit de l'affichage des quantièmes par le biais de la grande date, le Datograph Perpetual apporte la preuve que pour ce type de montre, deux éléments doivent être traités de façon irréprochable et lisible: les données du chronographe évidemment et les quantièmes qui après tout, justifient la présence du mécanisme à quantième perpétuel dont l'objectif est de les afficher correctement sans besoin d'être corrigés. Clairement, l'objectif fut atteint car les secondes et les minutes du chronographe se lisent aussi facilement que sur un Datograph simple et la grande date domine la partie supérieure du cadran. Avec ce sens du résultat tout germanique, la concentration sur ces données clé a mis un peu de côté les autres informations du cadran et la lecture des mois, des jours de la semaine et des phases de lune est  plus délicate. Mais après tout, ce n'est pas si grave puisque depuis sa présentation, le Datograph Perpetual a séduit les collectionneurs grâce à sa simplicité à l'usage, à sa taille élargie par rapport à celle du Datograph simple (41mm vs 39mm à l'époque) et surtout à la beauté de son mouvement.


Le Datograph Perpetual en or gris fut d'abord dévoilé en 2009 soit 3 ans après la version initiale en platine. Je fus à l'époque totalement sous le charme de cette montre, à la fois puissante, élégante, raffinée et d'une grande discrétion du fait des teintes de gris du cadran combinant idéalement avec la couleur neutre du métal du boîtier. Ce type de combinaison chromatique était d'ailleurs à l'époque rare dans la collection permanente de Lange (elle se retrouvait notamment avec la Lange One) et elle évoquait d'une certaine façon, le fameux Datograph Pisa en platine. La dominante grise arrivait même à mettre en valeur le disque des phases de lune pourtant un peu écrasé dans la partie inférieure du cadran. Et bizarrement, seulement deux ans plus tard, ce même Datograph Perpetual en or gris quittait le catalogue. J'ai eu un peu de mal à comprendre cette décision et peut-être que la volonté de promouvoir la version platine était une explication.

En tout cas, quelle ne fut pas ma surprise de revoir cette montre parmi les nouveautés de Lange en 2015. J'ai cru d'abord qu'il s'agissait d'une reprise à l'identique de version initiale. Et je pouvais facilement me tromper: seuls quelques détails séparent la version 2015 de la version 2009. Quant on les connaît, ils sont évidents... mais quand il s'agit de les deviner sans avoir les deux montres côté à côté, c'est moins facile.


La principale différence est le retrait des chiffres romains remplacés par les index bâton. Ce changement allège le cadran, le fait mieux respirer et crée un lien esthétique évident avec le nouveau Datograph, le Up&Down qui lui aussi s'est affranchi de ces chiffres. L'autre différence est plus subtile: les indicateurs situés toutes les 5 secondes le long de la graduation de la trotteuse du chronographe et matérialisés par de petits chiffres arabes allant de 60 à 55 ont été également supprimés. Pour le reste: rien ne change!

Il y a pourtant un détail que j'aurais aimé voir évoluer: la réserve de marche du mouvement. Si le mouvement du Datograph Perpetual, le L952.1, demeure un des plus beaux calibres à remontage manuel, tant du point de vue de sa présentation que de sa finition (l'effet de profondeur est spectaculaire et plus impressionnant qu'avec le mouvement de la 1815 Rattrapante), sa réserve de marche de 36 heures reste faible pour une montre à remontage manuel et à quantième perpétuel. Or le Datograph et le Chronographe 1815 ont profité avec leurs dernières versions d'une augmentation de la réserve de marche qui atteint dorénavant les 60 heures. Il est dommage que le Datograph Perpetual n'ait pas profité d'une augmentation similaire, plus utile qu'avec des chronographes simples. Le spectacle offert par le calibre L952.1 offre tout de même une sacrée consolation et fait oublier cette occasion ratée!


Et comment ne pas évoquer les sensations au poignet? Je retrouve tout ce que la montre de 2009 m'avait apporté comme plaisir: le poids qui renforce la perception de la qualité, la finition irréprochable du cadran, le parfait déclenchement des poussoirs, la douceur du remontage... Décidément, il aurait été dommage de ne pas revoir ce Datograph Perpetual en or gris. Compte tenu de ses atouts, elle constitue une référence majeure de la collection 2015 de Lange & Söhne alors qu'elle est un quasi-clone de sa version précédente! Comme quoi, les non-événements ont parfois du bon...

Merci à l'équipe Lange & Söhne pour son accueil pendant le SIHH 2015.

Les plus:
+ le retour du cadran gris
+ la beauté du mouvement L951.2
+ le plaisir que la montre procure à l'usage (remontage, poussoirs, facilité du réglage)
+ les finitions décoratives

Les moins:
- dommage que la réserve de marche du mouvement n'ait pas été revue à la hausse comme avec le Datograph Up & Down