Lange & Söhne: Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel "Handwerkskunst"

Après la Zeitwerk et la Richard Lange Tourbillon, la Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel est la troisième montre de Lange & Söhne à faire l'objet de l'approche décorative nommée "Handwerkskunst" qui mobilise un large éventail de techniques artisanales pour réaliser des finitions à la main.

Cependant, contrairement aux deux montres précédentes, la Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel se distingue par un style décoratif de cadran plus poussé. Le cadran en or blanc est certes embelli par le travail de tremblage caractéristique des montres "Handwerkskunst" mais ce travail est cette fois-ci accompagné de gravures en relief qui renforcent l'aspect baroque de l'ensemble. Les volutes qui décorent les points de la Zeitwerk et de la Richard Lange Tourbillon sont gravées côté cadran en profitant de chaque espace disponible.


Le résultat est éminemment spectaculaire puisque le relief des volutes et l'aspect laineux du tremblage se mélangent pour créer un rendu visuel unique à l'attention d'une montre qui à la base se caractérise par des performances mécaniques de haut niveau. Cependant, je dois avouer que je n'ai pas ressenti avec cette troisième livrée "Handwerkskunst" la même émotion que précédemment. J'y vois plusieurs raisons à cela.


La première, évidente, est que l'effet de surprise s'estompe. Finalement, ces 3 montres ont été présentées dans un laps de temps relativement court et j'ai tendance à penser que cette série limitée arrive trop tôt pour la Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel. Dévoilée lors du SIHH 2012, cette pièce est actuellement produite au compte-gouttes et il m'aurait semblé logique d'accorder plus de temps au déploiement de la version de la collection permanente avant de solliciter de nouveau les collectionneurs avec une édition limitée.

La deuxième est inhérente au côté démonstratif de la décoration: le travail est remarquablement exécuté et témoigne de la parfaite maîtrise des artisans saxons. Cependant, la combinaison de tous ces effets donne une impression de surcharge qui finit, selon moi, par nuire à la mise en valeur de la décoration.


La troisième est liée au choix de la montre. La Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel est une montre compliquée qui présente une organisation de cadran originale dont l'anneau des mois périphérique en est un des principaux éléments caractéristiques. Tirant avantage du cadran décentré de l'affichage de l'heure typique des Lange One, la Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel propose une excellente lisibilité des fonctions calendaires y compris de celle qui est la plus importante pour une montre à calendrier perpétuel: l'affichage des quantièmes par le biais d'une grande date à double-guichet. Or la décoration devient presque intrusive dans ce contexte et rajoute de la sophistication à une montre qui a trouvé dans sa version initiale le parfait équilibre entre complexité et harmonie.

Il serait dommage d'en rester à ce sentiment de profusion d'effets décoratifs qu'une église baroque ne renierait pas car en même temps, la Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel "Handwerkskunst" contient plusieurs détails qui rendent la montre plus subtile qu'elle n'y paraît.


L'exemple le plus marquant est assurément la finition de la grande date: les chiffres sont peints à la main d'une couleur bleu délicate qui se marie avec bonheur avec les autres rappels de la même teinte sur la cadran comme par exemple le disque de l'affichage des phases de lune ou l'indicateur jour&nuit. J'aime beaucoup ce traitement des chiffres qui embellit considérablement l'ensemble et qui adoucit la complexité de la décoration.

La finition du mouvement contribue aussi à rehausser l'intérêt de la Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel "Handwerkskunst". Contrairement au cadran, le mouvement tire profit des décorations spécifiques sans paraître surchargé. La gravure du tourbillon et de la masse oscillante, la solarisation des trois ponts de train de roues, le polissage noir du côté supérieur de la cage du tourbillon mettent ainsi en valeur l'architecture et la profondeur du calibre automatique L082.1. Et bien évidemment, comme tout Tourbillon chez Lange, celui de cette montre possède au moins un contre-pivot en diamant (un seul dans ce cas précis puisque le Tourbillon n'est pas visible côté cadran). La présentation du mouvement est pour moi la grande force de cette édition limitée: le mouvement initial était déjà le symbole de l'excellence de la manufacture saxonne, celui de la version "Handwerkskunst" arrive à le sublimer tout en préservant une certaine subtilité décorative.


Au bout du compte, une grande partie de l'attrait provoqué par la pièce est dû au plaisir de retrouver, dans un contexte différent, toute l'intelligence de conception technique du mouvement L082.1 et l'efficacité de l'affichage des informations. Malgré une épaisseur contenue (12,2mm) et un diamètre équivalent à celui de la Lange One Timezone (41,9mm), la montre combine 2 complications prestigieuses de façon optimale. Côté cadran, le Calendrier Perpétuel est la complication majeure: le Tourbillon n'est pas visible afin de laisser tout l'espace nécessaire à l'affichage des données calendaires. C'est en un sens l'organisation du cadran de la Lange One Daymatic que nous retrouvons avec un affichage inversé par rapport à la Lange One traditionnelle et l'indicateur des jours de la semaine qui remplace celui de la réserve de marche. La grande date saute impeccablement à minuit et le grand anneau périphérique des mois fait de même en effectuant au moment requis une rotation de 30 degrés. L'enjeu pour Lange a été de maîtriser la consommation de l'énergie nécessaire à la rotation de cette pièce d'envergure sans troubler la chronomètrie. La fréquence du mouvement est de 3hz et sa réserve de marche, peut-être un peu courte pour un Calendrier Perpétuel, est d'une cinquantaine d'heures. Ceci dit, le réglage du calendrier est aisé grâce aux poussoirs encastrés qui permettent à la fois d'avancer collectivement ou d'ajuster individuellement les données.

Côté mouvement, le Tourbillon, malgré la masse oscillante centrale, reprend le dessus et apporte sa magie pour renforcer la beauté du calibre. Il est important de noter que le calibre est équipé d'un stop-Tourbillon qui permet ainsi d'arrêter la trotteuse et donc de régler la montre avec précision.


Comme je pouvais m'y attendre, la Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel "Handwerkskunst" dégage une forte présence au poignet du fait de sa décoration qui attire l'oeil et qui, paradoxalement, intrigue par son originalité malgré son hommage à la tradition revendiqué. La montre est lourde du fait de son boîtier en platine et du poids propre du mouvement. Elle nécessite donc un bon positionnement sur le poignet pour être portée avec confort. Une fois par mois, à minuit, la combinaison de la rotation de l'anneau périphérique et du saut de la grande date est perceptible lorsque la montre est portée: ce sentiment est très agréable et fait partie du charme de la pièce.

La Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel "Handwerkskunst" est évidemment une montre superlative qui arrive à cumuler intérêt et performance techniques avec prouesses décoratives. Cependant, je dois avouer que je ne fus pas aussi séduit qu'à l'accoutumé en raison du caractère trop démonstratif de son cadran qui finit par alourdir visuellement une montre équilibrée à la base. Fort heureusement, la décoration subtile du mouvement et le charme des chiffres bleus peints de la grande date arrivent à compenser ce sentiment.


La Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel "Handwerkskunst" est disponible dans les boutiques Lange dans le cadre d'une série limitée de 15 pièces.

Les plus:
+ le plaisir de retrouver l'efficacité de l'organisation du cadran de la Lange One Tourbillon Calendrier Perpétuel
+ le saut instantané de la grande date et de l'anneau des mois
+ la décoration subtile du mouvement
+ les chiffres bleus peints à la main de la grande date
+ la facilité de réglage des fonctions calendaires

Les moins:
- la décoration du cadran alourdit considérablement le style de la montre
- la réserve de marche de 50 heures est un peu courte
- la présentation de cette montre, lors de Watches & Wonders 2013, me semble prématurée  compte tenu des livraisons limitées du modèle initial