Il faut sauver le soldat Belles Montres

Le Salon Belles Montres 2013 a fermé ses portes il y a quelques jours et il est temps de revenir sur cette 7ième édition. Il serait finalement très facile de faire cette rapide analyse uniquement sous l'angle critique, c'est tellement plus facile de voir le verre à demi-vide qu'à demi plein. Il est évidemment inutile de nier la baisse de la qualité du plateau (quelques grandes marques et des indépendants de renom habituellement présents ont manqué à l'appel) et la surprenante participation de marques comme Samsung. De toutes les façons, tous les observateurs connaissaient le contexte puisque suite au rachat du Salon par le Point en juin dernier, la nouvelle équipe en charge de l'organisation, placée sous la responsabilité de Jean-Philippe Barberot, n'avait matériellement pas le temps d'apporter de façon significative sa nouvelle impulsion. "Année de transition", telle était l'expression fréquemment utilisée.

Le Salon Belles Montres 2013 permit de découvrir cette nouvelle version du Tourbillon Contemporain à mouvement titane de Greubel Forsey:


D'ores et déjà, Jean-Philippe Barberot travaille au retour de plusieurs marques notamment celles de 3 grands groupes horlogers qui étaient peu ou pas représentés lors de cette édition. Cependant, cet effort devra être accompagné par une certaine remise en question. Le message de la stricte continuité ne peut pas être tenu: si le concept était innovant en 2007, force est de constater que 6 ans plus tard, il a plutôt tendance à s'essouffler.  Le décor sombre, les lumières tamisées, les stands uniformes, l'absence de véritable interaction entre les visiteurs et le Salon, un cocktail d'inauguration ressemblant à un quai de RER B à 17 heures, tous ces détails méritent d'être remis sur le tapis et d'être repensés. L'adresse est prestigieuse (Carrousel du Louvre) mais le lieu spécifique du Salon l'est-il? Une fois dans le Salon, quelle différence par rapport à n'importe quel autre emplacement? Car il ne faut pas s'y tromper: si certaines marques ne sont pas revenues en 2013, ce n'est pas à cause du changement de propriétaire mais bien à cause de prestations qu'elles percevaient comme étant en baisse. A force de ne pas évoluer, le Salon Belles Montres s'est retrouvé dépassé par des concurrents étrangers.

Montblanc proposa une large représentation de sa collection comme le prouva la présence de l'ExoTourbillon:


Un Salon a réussi à fortement progresser ces dernières années: il s'agit du SalonQP à Londres, lui aussi racheté récemment par un organe de presse, Telegraph Media Group. Je me souviens des premières années à Marylebone, dans une ancienne église. L'atmosphère, pourtant amusante, était peu adaptée au contexte de l'événement mais le potentiel était là. Depuis le déménagement à la Saatchi Gallery, le SalonQP a trouvé son véritable rythme et chaque année des nouveautés sont proposées aux visiteurs comme par exemple la possibilité de se prendre en photo et de publier l'image sur le compte Twitter du Salon. Un détail? Peut-être! Mais j'y vois une volonté constante de progresser, d'innover, de faire changer l'expérience vécue par le visiteur.

Une des stars du Salon fut la Carpe Diem de Konstantin Chaykin:


Alors, la cause est-elle perdue pour le Salon Belles Montres? Nullement!

Tout d'abord, j'ai envie que ce Salon retrouve l'attrait des premières éditions. Il ne faut pas l'oublier: le Salon Belles Montres fut le premier véritable événement horloger d'envergure à l'attention des clients finaux. Et rien que pour cela, je ne peux que lui souhaiter de retrouver le succès qu'il mérite.

L'Echappement Constant, l'Aiguille d'Or 2013 a marqué de son empreinte la 7ième édition du Salon:


Ensuite, même si cela était peu perceptible pour les visiteurs, l'influence de la nouvelle équipe a commencé à se faire sentir auprès des exposants. Une marque m'expliquait que du point de vue organisationnel, le Salon avait montré un progrès significatif. Le cocktail d'inauguration était également plus agréable. Un sentiment positif était donc partagé par les participants ce qui est un excellent point.

Julien Coudray créa l'événement avec sa première montre "sport" automatique assemblée par Fabien Lamarche sur le Salon:


La disponibilité du personnel des marques et la présence d'horlogers (comme cette année chez Girard-Perregaux ou Montblanc) sont toujours aussi appréciées. Cette proximité avec les professionnels et notamment les artisans demeure un instant magique pour chaque visiteur et cela demeurera toujours une caractéristique du Salon.

Et finalement, le Salon conserve un pouvoir d'attraction certain au moment où Paris devient une des capitales mondiales des boutiques horlogères. Malgré la réduction du plateau, le Salon m'a permis de voir des montres en première mondiale comme la Carpe Diem de Konstantin Chaykin ou la montre "sport" automatique de Julien Coudray. A noter aussi la présence de BarraccO qui occupe une place à part dans le petit monde horloger. Le plateau était peut-être décevant mais loin d'être inexistant.

Le spectaculaire bracelet réalisé par Camille Fournet pour cette HM3 surprit de très nombreux visiteurs:


C'est la raison pour laquelle j'ai entièrement confiance en la nouvelle équipe pour redresser la situation et redonner au Salon son lustre d'antan. Grâce à sa force de conviction et en y apportant les ajustements nécessaires, je suis certain que l'édition 2014 sera le point de départ d'une longue période marquée par le succès et le retour au premier plan.

Lange & Söhne fut une des marques clé de l'édition 2013: