Cartier: Tank MC Squelette en Palladium

Ce n'est pas le fruit du hasard si Cartier a dévoilé sa nouvelle ligne Tank MC en dehors du SIHH. C'est au contraire la preuve de l'importance que représente cette ligne au sein de la collection Tank. Plus qu'un simple complément aux 5 lignes Tank existantes (Anglaise, Louis Cartier, Américaine, Française, Solo), elle incarne la volonté de Cartier de mettre en scène ses propres calibres dans un contexte différent. Les différentes montres Tank MC peuvent être rassemblées en 3 catégories:
  • Les Tank MC en acier
  • Les Tank MC en or rose, ces deux versions utilisant le mouvement de manufacture 1904 MC qui fut introduit avec la Calibre Automatique
  • Et la Tank MC Squelette en Palladium, véritable porte-drapeau de la ligne, animée par le mouvement Squelette 9611 MC.
J'aurais pu commencer par vous présenter une des montres équipées du 1904 MC car elles possèdent une importance stratégique dans le développement de Cartier. Cependant, j'ai préféré revenir sur la Tank MC Squelette pour une raison très simple: elle contient tout ce que je recherche dans une montre Cartier contemporaine. Elle incarne à la fois le style élégant de la marque, l'originalité de la conception du mouvement de manufacture et le soin apporté aux détails.


La Tank MC Squelette n'est pas véritablement surprenante car les connaisseurs de la marque auront reconnu au premier coup d'oeil le mouvement 9611 MC des Santos Squelette. Cependant, il y a une sorte de magie qui opère. Est-elle due au travail sur le boîtier? A sa taille plus contenue? A la cohérence entre l'architecture du mouvement et l'esprit Tank? La réponse se trouve sûrement dans tous ces éléments en même temps.

Le boîtier Tank MC mérite une attention particulière. Il joue avec les formes, paraissant soit rectangulaire soit carré selon les angles. Il alterne également les parties polies et brossées, les lignes droites et les longues courbes. C'est en examinant la montre de profil que la fluidité  du design s'apprécie le plus. La couronne octogonale ornée d'un saphir parachève cette réussite esthétique en apportant la dose de raffinement supplémentaire. Incontestablement, ce boîtier est bien né!


Sa taille a été idéalement ajustée. Certes, les amateurs de  montres raisonnables trouveront ce boîtier un peu trop grand. Avec des dimensions de 43,9mm sur 39,10mm, il ne peut en effet être considéré comme un boîtier contenu. Cependant, l'ouverture du cadran reste mesurée sans que les parties latérales apparaissent comme trop présentes. Un reproche que je fais à la Santos 100 Squelette est la largeur de la lunette qui semble étouffer le mouvement. Rien de tel ici: c'est le sentiment d'équilibre qui prédomine. D'ailleurs, une fois mise au poignet, la Tank MC Squelette dégage une jolie présence sans paraître excessive.

Cet équilibre est très important car il met en valeur le clou du spectacle: le mouvement 9611 MC. Reprenant la recette habituelle des montres équipées du même mouvement, la Tank MC Squelette ne possède pas de cadran. Ce sont les propres formes du mouvement qui dessinent les index et les incontournables chiffres romains "Cartier". Le côté séduisant réside dans le contraste entre les lignes droites et rigides du premier plan et les pièces qui s'animent en-dessous. La face avant de la montre réussit à combiner audace esthétique et conservation des traits caractéristiques d'une montre Cartier classique: les grands chiffres romains stylisés en sont la meilleure preuve. Le seul bémol que j'apporterais est l'incabloc visible dans la zone inférieure gauche. Il apporte certes sa touche de couleur dans un environnement monochrome mais je ne l'ai jamais trouvé joli.


La lisibilité n'a pas été oubliée: la paire d'aiguilles glaive en acier bleui, plus épaisses que de coutume, se distingue nettement et la lecture de l'heure ne pose aucune difficulté.

Le mouvement est plus impressionnant à l'arrière: parfaitement carré, il semble plus fin, plus aérien et surtout les composants purement horlogers s'imbriquent dans la structure. Cartier a réussi à fondre le barillet dans le décor et l'organe régulant semble délicatement maintenu par un pont à deux bras. La finition est à la hauteur de l'ambition de la montre: elle est irréprochable et subtile. La beauté de la Tank MC Squelette provient de sa complexité maîtrisée qui permet à la montre de rester discrète malgré son audace. 

La réserve de marche de 3 jours (pour une fréquence de 4hz) est tout à fait satisfaisante: l'apparente légèreté du mouvement et l'effacement du barillet n'ont pas relégué au second plan les performances.


Le test au poignet est un moment de vérité qui peut être cruel pour une montre squelette. Une pièce envoûtante peut devenir décevante si l'effet de transparence est gâchée par les poils du poignet. J'avais cette crainte avec la Tank MC Squelette mais heureusement, grâce à une bonne occupation de la surface et les lignes des chiffres, le poignet n'est réellement visible que dans les coins. La montre procure sinon beaucoup de plaisir. Elle séduit par le rendu du palladium, l'alternance entre les parties polies et brossées, la façon dont les aiguilles se détachent et son élégance d'ensemble. Le côté plutôt élancé du boîtier dû à son épaisseur inférieure à 10mm est accentué par les courbes  des parties polies latérales. Enfin, le confort est au rendez-vous grâce au réglage fin mais un peu pénible pour moi de la boucle déployante. J'aimerais que Cartier trouve un système qui marque moins le bracelet.

La Tank MC Squelette demeure incontestablement une montre particulière et son originalité se met au service du style et de l'élégance. Elle utilise de façon optimale les proportions quasiment carrées du nouveau boîtier pour mettre en valeur la beauté du mouvement 9611 MC qui trouve ici un cadre idéal d'expression. Sans aucune hésitation, je la considère comme une des plus belles Cartier contemporaines. La nouvelle ligne Tank méritait un porte-drapeau prestigieux et convaincant, le Tank MC Squelette répond parfaitement à cet attente.

Merci à l'équipe de Cartier France.