Hublot: Classic Fusion Chrono Aero

Depuis plusieurs années, Hublot profite de la présence des détaillants et journalistes du monde entier venus assister au SIHH pour dévoiler une partie de ses nouveautés en janvier à Genève.  Cette présentation anticipée vise à mieux répartir le calendrier des nouveautés autrefois intégralement concentré pendant Baselworld et à assurer une présence médiatique à Hublot dans une période de l'année habituellement presque entièrement dédiée aux marques de Richemont et à Audemars-Piguet.

La collection qui fut présentée il y a quelques semaines s'appuie sur les fondamentaux de la marque et sur les tendances de l'année dernière. A vrai dire, j'y ai surtout vu des évolutions pertinentes des modèles les plus significatifs de 2012 comme la Big Bang Ferrari et la Classic Fusion Squelette. L'audace n'était pas de mise comme si Hublot rentrait dans une période de consolidation, reprenait sa respiration avant de se lancer dans de nouveaux projets. Car si début 2012 j'avais pu découvrir de nouveaux mouvements comme l'Unico GMT ou le HUB1300 de la Classic Fusion Squelette, la collection de Genève de cette année n'en contenait aucun de nouveau.

La seule véritable nouveauté est la Classic Fusion Chrono Aero et encore s'appuie-t-elle sur des éléments fort connus des amateurs de Hublot: le boîtier Classic Fusion de 45mm et le mouvement ouvert HUB1155. Le mélange de ces ingrédients est loin d'être indigeste et le résultat est même très convaincant. C'est la raison pour laquelle je souhaite vous apporter quelques détails complémentaires.

Je pouvais craindre que l'utilisation du cadran ajouré Aero Bang ne convienne pas au boîtier Classic Fusion, considéré à juste titre comme plus élégant que le boîtier Big Bang. Or, c'est tout l'inverse qui se passe: je trouve que le cadran trouve une nouvelle dimension dans ce contexte plus raffiné. En fait, la réussite de la Classic Fusion Chrono Aero repose essentiellement sur le contraste entre le côté très fouillis du cadran et l'aspect plus lisse du boîtier. 

La lisibilité de la montre est préservée grâce au traitement noir du mouvement côté face. Ainsi, les aiguilles, très jolies au demeurant, se détachent bien par rapport au mouvement et l'absence de cadran plein n'est pas problématique. En outre, les deux sous-cadrans et notamment le compteur des minutes  sont très  épurés ce qui simplifie leur lecture. Quant à la graduation des secondes utilisée par la trotteuse du chronographe, elle est clairement affichée. Pour respecter le style général, seules les secondes sont marquées. Il est donc impossible de lire les temps intermédiaires même si la fréquence du mouvement (4hz) aurait permis un affichage au 1/8ième de seconde. Ce n'est pas très gênant du point de vue fonctionnel et plutôt recommandé du point de vue esthétique dans ce cas précis . Enfin, un très discret guichet à 6 heures affiche les quantièmes. 

La montre propose de jolis effets de relief. Les index biseautés et les cerclages des compteurs ressortent de façon nette alors que le mouvement offre quelques sensations de profondeur. Rien de vraiment spectaculaire mais l'observation de ces détails est très agréable.


Le mouvement est le HUB1155 à savoir une base ETA2894. Le style Aero nécessite un mouvement modulaire afin que le travail d'ouverture du module puisse être visible côté cadran. Le module est donc ajouré tout comme le disque de date. C'est bien côté cadran que le rendu du mouvement est le plus intéressant. La finition propre et industrielle correspond bien à l'esprit Hublot en créant une atmosphère contemporaine cohérente.

L'arrière de la montre est bien plus standard: la base du mouvement semble même un peu perdue dans le boîtier et le travail décoratif est très sommaire. Je pense sincèrement qu'un fond plein aurait été une meilleure option.

La Classic Fusion Chrono Aero est disponible en deux versions, Titane et King Gold (Or Rose) avec la possibilité de choisir un bracelet du même métal. Dans chaque cas, le boîtier est réalisé avec soin alternant parties polies (couronne, poussoirs) et satinées (lunette). J'apprécie particulièrement la forme des poussoirs, larges et plutôt proéminents, qui permettent une mise en action plus facile. Ce n'est pas du luxe car l'ETA2894 n'est pas réputé pour la douceur de son déclenchement.

Les 45mm de diamètre se portent sans souci pour tous ceux qui ont la taille de poignet adaptée. Tout d'abord, la lunette épaisse et la complexité du cadran réduisent la perception de taille. Ensuite, comme toujours avec Hublot, la boucle déployante agit efficacement pour bien maintenir la montre. Le confort est assuré. Enfin, les deux sous-cadrans ont la taille suffisante et l'emplacement adéquat pour donner un sentiment d'équilibre.

Je considère donc cette Classic Fusion Chrono Aero comme une jolie réussite de la part de Hublot. Certes, elle ne présente fondamentalement rien de nouveau mais tous les ingrédients se marient idéalement pour définir un ensemble harmonieux. Je préfère même retrouver le cadran Aero dans un tel contexte car plus raffiné et surtout moins lassant que celui de la Big Bang. Bref, comme quoi, certaines expériences méritent d'être tentées! Demeure l'éternelle question du positionnement tarifaire par rapport au contenu horloger. Mais Hublot a un savoir-faire incontestable pour rendre très désirables auprès de ses fans des montres qui ne se résument pas uniquement à leurs mouvements. Et cette Classic Fusion Chrono Aero ne déroge pas à la règle.

Je tiens à remercier l'équipe Hublot pour son accueil au Kempinski pendant la semaine genevoise.