MB&F: HM4 Thunderbolt RT

Max Büsser aime maîtriser son propre calendrier horloger. Il évite de présenter ses nouveautés majeures à Baselworld car elles risqueraient de ne pas avoir la résonance suffisante dans le brouhaha de la Foire. Il préfère a contrario choisir des moments dans l'année plus calmes médiatiquement parlant afin que les nouvelles Machines aient la projection et la couverture qu'elles méritent.

Cela ne veut pas dire que Max Büsser boude la Foire, bien au contraire: l'événement reste incontournable et permet un contact avec le public toujours appréciable pour une marque moins connue que les poids lourds du marché. Mais il y a un temps pour tout et Baselworld est la période consacrée à la présentation d'évolutions de modèles existants. Ainsi, nous découvrîmes il y a quelques jours cette HM4 Thunderbolt RT qui est une série limitée de 18 exemplaires de la dernière Horological Machine.

Ce n'est pas la première fois que la HM4 subit une changement puisqu'en fin d'année dernière les Razzle Dazzle et Double Trouble furent dévoilées. Ces dernières comportaient des modifications esthétiques importantes comme la présence de rivets sur "la carlingue" et bien entendu les pin-ups peintes à la main. Ces modifications renforçaient la dimension ludique de la Machine en allant au bout du concept de l'avion miniature au poignet.

La HM4 Thunderbolt RT joue a priori sur un tout autre registre qui peut paraître surprenant de prime abord: celui de l'élégance.

En apprenant que la HM4 allait se parer d'un boîtier Or Rose - Titane, je fus on ne peut plus circonspect. Comme l'or rose, matériau particulier s'il en est, est plutôt dédié à la montre fine et habillée, comment allait-il s'intégrer dans un tel contexte à la fois original et volumineux?

Et en fait, cela fonctionne très bien. Oh certes, cette Thunderbolt RT n'est pas ma HM4 préférée, son histoire, les idées qui ont conduit à la création de la HM4 font que je persiste à penser qu'une couleur moins chaleureuse est préférable. Mais l'or rose se fond finalement sans difficulté pour deux raisons:
  • la première est que la complexité du boîtier, aux formes radicales et l'alternance des matériaux (parties polies, brossées, verre, titane) empêchent le sentiment d'être en face d'une accumulation d'or. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'ensemble reste relativement discret pour une montre en or d'un tel gabarit.
  • la seconde est que la couleur de l'or en elle-même combinée à cette forme de boîtier n'est pas sans évoquer celle du cuivre. Et c'est alors le côté "Steampunk" de la montre qui ressurgit.
Pour le reste, nous sommes en terrain connu: nous retrouvons la HM4 Thunderbolt dans toute sa splendeur avec la vue spectaculaire sur "son moteur" à remontage manuel, son affichage du temps... surprenamment classique, l'efficacité de sa boucle déployante et son boîtier proprement délirant.

Au bout du compte, la Thunderbolt RT se retrouve à un endroit où elle n'aurait pas dû être: attendue du côté de l'élégance (qu'elle n'abandonne évidemment pas), elle se retrouve plutôt dans un univers "à la Jules Verne" et crée ainsi une sorte de lien plus direct avec la LM1. Tout cela me donne à penser qu'une version en bronze de cette HM4 (mais avec le boîtier à rivets) aurait été jouissive. La HM4 serait devenue alors une sorte de Gefica tri-dimensionnelle!

La HM4 Thunderbolt RT sera produite à 18 exemplaires et constitue une des dernières occasions de revoir la HM4 dont le nombre total de pièces sera de toutes les façons très limité.

Merci à Max et à Charris pour leur accueil pendant la Foire de Bâle 2012.