Hublot: Big Bang Ferrari

Les Big Bang Ferrari étaient fortement attendues car elles constituaient deux événements: la première démonstration du partenariat exclusif signé entre Hublot et Ferrari et la première utilisation du Magic Gold, le fameux nouveau matériau qui a fait tant couler d'encre lors de sa présentation. Et il ne fallait pas que ces grandes premières occultent d'autres particularités comme le nouveau boîtier et le mouvement Unico. En fait, deux Big Bang Ferrari furent dévoilées à Baselworld 2012 puisqu'une version en Titane accompagnait la Magic Gold.

Mais derrière tout cela, la seule vraie question est la suivante: tous les projets communs entre une marque horlogère et Ferrari finissant immanquablement par un fiasco commercial, Hublot va-t-il échapper à cette fatalité?

Pour éviter cette issue, Hublot a réuni au sein des Big Bang Ferrari tout son savoir-faire: cadrans transparants, fusion des matériaux, esthétique reprenant quelques codes de l'univers automobile etc... pour un résultat marquant une évolution du style Big Bang. Les Big Bang Ferrari revendiquent principalement leur côté Hublot tandis que les rappels à la marque au cheval cabré se font plus discrets. C'est peut-être cela le secret de la réussite: attirer à travers ces nouvelle Big Bang des acquéreurs potentiels plus passionnés par Hublot que par Ferrari.

En découvrant ces montres, plusieurs détails m'ont sauté aux yeux comme le nouveau boîtier et l'absence de trotteuse permanente.

Le nouveau boîtier n'est pas seulement un simple élargissement (45,5mm) du boîtier Big Bang. Il est aussi plus subtil que le précédent et l'intégration du poussoir de changement rapide du bracelet est réussie. Mais pour le reste, les amateurs ne seront pas dépaysés. Les poussoirs en titane du chronographe sont allongés, rappelant les pédales automobiles. Ils fluidifient la ligne, devenant presque des protèges-couronne. Partenariat oblige, le poussoir de retour à zéro est affublé d'un Ferrari rouge. Située sur le côté, cette inscription est finalement peu visible lorsque la montre est portée comme si Hublot avait souhaité cette discrétion.

Le cadran est plutôt convaincant et constitue un des principaux attraits des Big Bang Ferrari: le saphir permet une vue spectaculaire sur l'Unico et sur les chiffres appliqués qui semblent flotter. La finition de l'Unico renforce le côté technique du design. Du fait de sa construction "modulaire" (plus qu'un mouvement chronographe, l'Unico est un mouvement de base appelé à tracter de multiples complications), la roue à couronne est située côté cadran ce qui est un point positif ici. L'anneau des dates est bien intégré et le quantième s'affiche très discrètement malgré sa couleur jaune dans le compteur des minutes.

Nous touchons là les spécificités des Big Bang Ferrari: elles ne possèdent pas de trotteuse permanente tandis que le compteur des minutes permet de mesurer jusqu'à 60 minutes. L'absence de trotteuse est due à la présence du cheval cabré côté gauche du cadran. Le cheval, tout en relief est particulièrement réussi et bonne nouvelle, il tend à s'estomper compte tenu de son faible contraste par rapport au mouvement.

Du fait de la construction du mouvement, les parties intéressantes étant situées côté cadran, l'arrière des Big Bang Ferrari n'est pas des plus passionnantes. Ceci dit, la bonne idée a été d'imaginer un rotor en forme de jante qui anime joliment ce fond. Et l'Unico reste bien plus agréable à regarder, du fait de sa découpe très contemporaine qu'un 7750.

L'autre atout des Big Bang Ferrari est leur confort, spécialité de la maison. Malgré l'augmentation de la taille, elles se positionnent parfaitement sur le poignet. La version Magic Gold ne présente pas à proprement parler de différence sensible en termes de poids. Il faut dire que si le Magic Gold a le droit de s'appeler "Gold" du fait du respect de la proportion d'or pur requise, en revanche, la densité du matériau est moindre que l'or traditionnel. A volume égal, un boîtier Magic Gold contiendra moins d'or qu'un boîtier en or traditionnel.

Je fais être franc avec vous: si la version Titane m'a plu par ses couleurs neutres, par l'harmonie entre la finition du mouvement et le boîtier, je fus en revanche déçu par la version Magic Gold. J'ai l'impression qu'une véritable montagne a été faite autour de ce matériau, pour quoi finalement? Pour un rendu très proche du Cermet de la Bullet Bang. Ce n'est pas un problème en soi, cette dernière étant peut-être ma Hublot préférée. Mais j'ai ressenti une sorte de fossé entre le message, la communication et la réalité. Que le Magic Gold ait des propriétés intéressantes et pertinentes pour un boîtier de montre, soit. Mais concrètement qu'est-ce que ce matériau apporte par rapport au Cermet? Je n'ai toujours pas de réponse claire dans mon esprit à ce sujet. A titre personnel, j'aime beaucoup l'or, surtout l'or rose. En tant qu'amateur d'or, je ne considère pas ce Magic Gold comme un nouvel "or inrayable". Je le considère comme un autre matériau n'ayant ni la densité, ni la chaleur, ni les reflets de l'or. Bref, quelque chose de différent mais qui ne mérite pas dans ma perception le qualitatif d'or. Vous l'avez compris, c'est la version Titane qui a remporté mes suffrages à la fois pour ses mérites propres et pour la déception due au Magic Gold.

S'attaquer au concept d'une montre Ferrari n'est pas chose aisée. Afin d'éviter la sortie de piste, Hublot a joué de façon très discrète la carte Ferrari: les deux Big Bang apportent bien des éléments liés à l'atmosphère des voitures italiennes mais évitent d'en rajouter afin que la cible de clientèle soit plus orientée vers celle de Hublot que vers celle de Ferrari. Car, grâce à leur cadran saphir, au mouvement Unico et au nouveau boîtier, elles peuvent séduire plus largement les amateurs de Hublot y compris ceux qui ne se sentent pas concernés par les courses automobiles.

La Big Bang Ferrari Magic Gold est vendue dans le cadre d'une série limitée de 500 exemplaires tandis que la version Titane est produite à 1000 exemplaires.

Merci à l'équipe Hublot pour son accueil pendant la Foire de Bâle 2012.