Hublot: Masterpiece MP-02

La Masterpiece MP-02, conjointement avec la MP-01, symbolisent la volonté de la part de Hublot de présenter des projets horlogèrement plus ambitieux s'appuyant sur l'ex-équipe BNB dorénavant intégrée au sein de la marque de Jean-Claude Biver.

Ambitieuse, oui, la MP-02 l'est certainement. Elle l'est par son design audacieux, par sa complication qui ne vise rien qu'autre que de modifier la vitesse du cours du temps. Malheureusement le monde des ovnis horlogers est ainsi fait que la frontière entre la totale réussite et le ratage est très fine et que la MP-02 se trouve, selon moi, du mauvais côté.

La montre souffre tout d'abord d'un mauvais timing. Elle est en fait le restylage de la Clé du Temps présentée par BNB 2 ans auparavant et que les visiteurs du Salon Belles Montres 2009 avaient déjà eu l'occasion de voir. L'effet de surprise n'est donc plus là, la complication étant totalement éventée.

Le redesign apporte cependant un vrai plus. Certes, la montre reste volumineuse mais le boîtier en titane DLC noir et le cadran noir l'affinent visuellement et surtout la rendent beaucoup plus lisible: le modèle d'origine était totalement abscons. Les informations sont affichées par le biais de décalques et de superluminova vertes apportant un bon contraste. Et puis, on ne regrettera pas le look de rétroprojecteur de la Clé du Temps d'origine.

Mécaniquement, nous retrouvons donc le style très BNB avec le Tourbillon vertical à 6 heures (si on peut s'exprimer ainsi) et le système d'affichage du menu de la complication. Le mouvement a une fréquence de 3hz et a une réserve de marche d'à peu près 4 jours.

Mais le vrai problème réside dans la complication en elle-même malgré la prouesse mécanique qu'elle représente. Grâce à la couronne à 9 heures, le propriétaire de la montre est en mesure d'accélérer (par 4) le cours du temps, de le réduire (par 4) et bien entendu de revenir à la vitesse normale d'écoulement avec la bonne heure affichée. Ce qui est impressionnant, c'est la mémorisation de l'heure conventionnelle qui permet donc ce retour. En revanche, on a beau manipuler la montre dans tous les sens, jouer avec, le constat est cruel. La complication n'est pas ludique pour deux sous: on s'ennuie. Visuellement, elle ne provoque rien car il faut du temps pour apprécier le changement de rythme. Ensuite nos interlocuteurs, qui pourraient être "trompés" par cette fausse heure ont peu de chance de lire l'heure sur cette montre: le cadran d'affichage est décentré et relativement petit. Bref, on tombe dans le plaisir solitaire... rendant la complication totalement vaine.

La MP-02 est la démonstration qu'il ne suffit pas d'une idée iconoclaste pour créer un ovni réussi: il faut qu'une magie s'opère, qu'un sentiment soit provoqué pour que la montre sorte du lot. La MP-02, malgré son contenu horloger solide, tombe hélas à plat alors qu'une montre simple comme le Temps Suspendu d'Hermès crée avec moins d'artifice un concept de temps artificiel bien plus jouissif car immédiat et... irréel.

Gageons qu'avec le temps, Hublot saura faire évoluer de façon positive sa collection Masterpiece en utilisant pleinement le potentiel de l'ex-équipe BNB.

Merci à l'équipe Hublot pour son accueil lors du Salon de Bâle 2011.