Lange & Söhne: Lange 1 Daymatic

Le temps passe, nous approchons du SIHH 2011 et je me rends compte que je n'ai toujours pas présenté une des montres les plus intéressantes du SIHH 2010: la Lange 1 Daymatic. Bien plus qu'une nouvelle déclinaison de l'icône de la collection, la Daymatic nous donne l'opportunité de découvrir une grande première pour la manufacture saxonne: un calibre automatique à rotor central.

Au premier coup d'oeil, la Lange 1 Daymatic semble identique à sa célèbre devancière. Et puis rapidement nous nous rendons compte qui s'agit visuellement de son effet miroir: le cadran de l'affichage de l'heure se trouve à droite, la complication, la trotteuse et la grande date à gauche. Si j'emploie le terme de complication, c'est pour souligner que celle utilisée sur la Daymatic n'est pas la même que celle de la Lange 1 à remontage manuel: l'indicateur de réserve de marche est ici remplacé par un affichage des jours de la semaine expliquant ainsi le nom de la montre.

Le positionnement du cadran de l'affichage de l'heure semble finalement plus logique pour ceux qui portent leurs montres sur le poignet gauche: il suffit de légèrement soulever la chemise pour que l'intégralité de l'heure soit lisible.

Si la grande date est on ne peut plus classique, l'indicateur des jours de la semaine est en revanche plus original. Complication dédiée aux montres calendriers (comme la Saxonia Calendrier Annuel ou la Langematik Perpetuelle), elle apparaît ici sous la forme d'un affichage rétrograde afin de retrouver la similarité esthétique avec l'indicateur de la réserve de marche. A vrai dire, dans le contexte de la Lange 1, je ne trouve pas cette complication des plus pertinentes. Disons qu'elle permet de différencier la Daymatic de la Lange 1 d'origine et que pour un certain nombre de personnes, un indicateur de réserve de marche est inutile sur une automatique. Ce n'est pas ma conviction, je le trouve plus approprié sur une automatique (afin de vérifier l'efficacité du remontage) ou sur une montre à longue réserve de marche que sur une montre manuelle qu'il faudra de toutes les façons, remonter tous les jours. En fait, cet indicateur du jour de la semaine, couplé au calibre automatique, renforce le côté "pratique" de la montre qui se veut plus adaptée aux exigences de la clientèle d'aujourd'hui: il ne faut pas oublier que, aussi surprenant que cela puisse paraître pour un amateur d'horlogerie qui raisonne en qualité intrinsèque des mouvements, un calibre automatique est très souvent préféré à un calibre manuel, le remontage quotidien apparaissant comme une contrainte.

Le boîtier de la Daymatic est élargi par rapport à celui de la Lange 1: 39,5mm contre 38,5. Sa taille se situe donc entre la Lange 1 et la Grande Lange 1. A noter la présence d'un poussoir intégré dans la carrure gauche, sous le poussoir de correction de la date, servant au réglage du jour de la semaine. Fort heureusement, contrairement à la Grande Lange 1, le principe de l'organisation du cadran a été conservé: aucune fonction ne se chevauche et nous retrouvons avec plaisir cette organisation harmonieuse des différents affichages... avec l'effet miroir par rapport à la Lange 1. La teinte des cadrans dépend du métal du boîtier: rhodié pour la version platine, champagne pour la version en or jaune et argenté pour la version en or rose. La Daymatic n'est actuellement pas disponible en or gris.

C'est bien évidemment en la retournant que nous découvrons la véritable nouveauté apportée par la Daymatic: le calibre L021.1. Lange a abandonné pour cette montre son calibre automatique à rotor 3/4 pour un tout nouveau mouvement à rotor central. Ce mouvement a les caractéristiques suivantes:
  • une réserve de marche de 50 heures
  • une fréquence de 3hz
  • un diamètre relativement imposant de 31,6mm
  • un balancier à masselottes et un spiral maison
Sa décoration va soit rallier les suffrages des amateurs de la marque soit apporter de l'eau au moulin des détracteurs: personne ne va contester la qualité de l'exécution et le soin apporté aux détails, irréprochables. J'apprécie notamment la forme particulière du rotor et le contraste entre la masse alourdie avec du platine et le côté délicat et travaillé des deux branches. Le reproche que certains pourront formuler est le côté très luxuriant de la décoration de la platine: le nombre élevé de rubis insérés dans des chatons en or donne un côté un peu trop baroque à la décoration. C'est un peu dommage, le calibre Sax-O-Mat à rotor 3/4 est de son côté beaucoup plus sobre. Je pense sincèrement qu'un peu plus de simplicité n'aurait pas nui même si la découpe des éléments de la platine, toute en ondulation, apporte une touche de raffinement.

Au poignet, c'est tout le charme traditionnel de la Lange 1 qui agit: la beauté du cadran, sa parfaite organisation (le centre de la grande date, les axes de la trotteuse et de l'aiguille rétrograde sont alignés verticalement), son équilibre (je considère sa taille comme idéale) rendent la Daymatic très désirable même si, évidemment, elle ne crée pas le même sentiment de surprise qu'a pu provoquer la Lange 1 lors de sa présentation en 1994.

Même si Lange en a peut-être trop fait en terme de décoration du mouvement, la Daymatic n'en demeure pas moins une évolution réussie de la Lange 1. Toucher une montre icône est une tâche ardue et Lange a su éviter les pièges en conservant les atouts de la montre d'origine. Certes, à titre personnel, je préfère nettement le remontage manuel et la présence de l'indicateur de réserve de marche de la Lange 1. Mais la Daymatic redonne un nouveau souffle à la collection en s'ouvrant à une nouvelle clientèle pour laquelle un mouvement automatique est un pré-requis.