Audemars Piguet: Jules Audemars ChronAP

Le "ChronAP" fait partie de ces montres paradoxales où on aurait beaucoup à dire tant les caractéristiques semblent alléchantes mais pour lesquelles il faut beaucoup de recul pour porter un jugement.

En effet, le contenu technique du ChronAP, véritable star du SIHH 2009, est impressionnant:
  • une fréquence de 6hz. Chaque montée de 1hz de la fréquence n'est jamais anodine car entraînant de nombreuses contraintes dont celles de l'énergie nécessaire (ce qui rend d'ailleurs remarquables les performances d'un calibre comme le EP).
  • l'absence de lubrification
  • une réserve de marche de 56h
  • un double barillet
  • des performances chronométriques prometteuses
La montre présentée fut réglée très peu de temps par l'horloger. Hors les tests chronomèriques effectués par AP, avec des conditions de températures et de position différentes auraient donné un écart de marche moyen autour de la seconde. L'autre aspect intéressant de la performance est la stabilité de la précision après 24 voire 36 heures de marche alors que de nombreuses montres subissent une dégradation de leur précision lorsque la réserve de marche s'épuise.

La montre n'est pas sans rappeler la Tradition de Breguet ou le Tourbillon de Peter Speake-Marin dans sa présentation avec son petit cadran à chiffres romains à 12 et la grande visibilité du mouvement côté face.

Mais là, oubliez la subtilité de la Tradition. Le ChronAP est une très grande montre, d'un diamètre de 46mm. Ce grand diamètre permet de plonger son regard dans les détails du mouvement, dans son relief (nous sommes totalement dans un contexte tridimentionel) et d'admirer le travail de guillochage de la platine en or gris. L'organisation du mouvement est parfaite, l'ensemble est très cohérent.

L'arrière de la montre est également très bien structuré, l'architecture du calibre est harmonieuse.

On appréciera de nouveau le guillochage de la platine qui finalement s'intègre avec bonheur avec les autres éléments du calibre.

Le tableau semble donc idyllique.

Quelques points pourtant tempèrent mon enthousiasme. La taille de la montre d'abord. 46mm, c'est vraiment une taille très importante. Même si au poignet, le résultat n'est pas choquant, ce n'est pas le sentiment de finesse qui caractérise le ChronAP.

Le prix ensuite. Annoncée à près de 270.000 dollars, l'addition est salée même si évidemment, le caractère exceptionnel de la montre et la faible production (une vingtaine de pièces par an) peuvent l'expliquer en partie.

Et des interrogations demeurent: quid de la stabilité de marche, de la fiabilité? Quid de la fabrication en x exemplaires de la montre? Les résultats chronomètriques sont certes prometteurs mais le seront-ils également dans un contexte de porter de montre "normal"? Ces réponses ne pourront être données qu'avec du temps.

Une chose est certaine: Giulio Papi est très confiant sur la qualité de la montre et sur ces performances et c'est quand même très rassurant...

Et comment ne pas admirer une dernière fois l'effet de volume procuré par la vision du calibre?